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Élection 2025, intoxication sur la réticence : le stratagème de l’effet de surprise

Le projet de candidature du parjure n’est imposé par personne. C’est une initiative de Doumbouya lui-même : c’est lui qui la conçoit, la finance et l’impose à tout un pays. Sous le vernis d’un processus collectif, il entraîne la Guinée dans un gouffre politique dont il est à la fois l’architecte et le bénéficiaire.

Pendant que l’opinion publique, les blogueurs et certains partis débattent d’une « déclaration » attendue, le pouvoir militaire a préféré la tactique du silence et de l’avance discrète. Ce silence n’est pas inertie : c’est un instrument de maîtrise du tempo politique, conçu pour conserver l’initiative et neutraliser toute mobilisation populaire.

Entre dire et faire, le putschiste a choisi l’action. Tandis que les politiques s’embourbent dans l’attente de l’annonce officielle d’une candidature déjà préparée, les relais du pouvoir continuent d’organiser le calendrier institutionnel et médiatique. Ce n’est pas un hasard si, dans plusieurs capitales africaines récentes, les autorités militaires ont retardé ou instrumentalisé les échéances électorales afin de modeler un résultat à leur avantage une stratégie fondée autant sur le contrôle de l’information que sur la capacité à surprendre l’adversaire.

Le projet de candidature du parjure n’est imposé par personne : c’est une initiative personnelle de Doumbouya. Il en est l’architecte, le financier et l’exécutant. C’est lui qui entraîne la Guinée dans ce gouffre politique, en sacrifiant les institutions à son ambition. Sous couvert de concertations et de comités, il impose une marche forcée vers une légitimation de façade. Ceux qui prétendent qu’il serait contraint ou manipulé se trompent : l’homme agit selon son propre calcul, mû par la peur de rendre des comptes.

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L’effet est limpide : en s’abstenant de toute déclaration publique, le chef de la transition prive l’opposition d’un point d’ancrage autour duquel organiser une riposte. Pendant que la société civile s’épuise en conjectures, le pouvoir avance fixation du calendrier, création d’instances électorales, voire révision constitutionnelle et transforme le débat en une mécanique déjà verrouillée. Les récentes manœuvres autour d’un référendum et des structures électorales en Guinée en sont une illustration flagrante.

La surenchère spéculative rumeurs, « breaking » non vérifiés, intimidations médiatiques produit exactement l’effet recherché : détourner l’attention des questions essentielles (indépendance des organes, sécurité des opposants, transparence du fichier électoral) et provoquer un épuisement civique. Entre-temps, les voix critiques s’amenuisent sous la pression : arrestations, soupçons, peur. Journalistes et activistes, autrefois vigoureux, se murent peu à peu dans la prudence, sinon dans le silence.

Que faire ? D’abord, cesser d’être les haut-parleurs involontaires d’un récit qui sert l’adversaire. Vérifier les faits, hiérarchiser les priorités sécurité des acteurs, preuves documentées, recours juridiques et construire des analyses stratégiques plutôt que des spéculations de couloir. L’enjeu n’est pas d’avoir raison dans le vacarme médiatique, mais de préserver la capacité d’action collective face à un pouvoir qui a compris que le silence peut être une arme.

La tactique de la réticence n’est pas absence de volonté, mais méthode politique. Face à elle, la responsabilité des médias, des blogueurs et des citoyens est double : informer avec rigueur, et organiser des réponses collectives crédibles sous peine de voir le spectacle des rumeurs servir de carburant à la duperie du pouvoir.

Par Siba Béavogui 

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