Sur la photo, côté droit, Mamadi Doumbouya et son conseiller ancien formateur de la Légion d’honneur venu des pays de l’ex-bloc soviétique apparaissent comme les concepteurs d’une initiative pour le moins troublante.
Cette enquête dévoile une tanière soigneusement dissimulée.
Sur une table, des barres métalliques longues, standardisées, alignées comme des soldats muets. À première vue, rien de spectaculaire : de simples pièces de métal. Mais observées de près, elles rappellent les éléments modulaires utilisés dans la construction de ponts flottants militaires.
Ce type d’équipement ne sert pas à bâtir des maisons ni à soutenir des écoles il sert à franchir des rivières, relier deux rives, ou dresser une passerelle de repli.
Corridor nautique et dépôts secrets
Pourquoi un tel matériel à proximité du Palais M5 ?
L’hypothèse la plus plausible est la préparation d’un corridor nautique. Avec l’appui d’une unité navale déjà active dans la zone, ce dispositif permettrait de connecter discrètement le Palais aux îles de Los. Objectif : sécuriser des transferts sensibles notamment des stocks d’armement à l’abri des regards civils. Les îles deviendraient ainsi un dépôt avancé, protégé par l’eau et la distance.
Une forteresse qui doute
Depuis trois ans, une forteresse s’est bâtie dans l’ombre, loin des regards du peuple. Mais ce choix révèle un malaise stratégique : plutôt que d’assumer sa présence sur la terre ferme, le Palais M5 envisage déjà une échappatoire maritime. Comme si l’Atlantique pouvait devenir coffre-fort et paravent. À trop vouloir transformer l’océan en bunker, le pouvoir risque de faire de son palais un simple quai d’embarquement pour fuyards.

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L’aveu d’un régime fragile
L’enquête montre qu’un palais qui construit sa passerelle de fuite est un palais qui tremble. La mer, qui a englouti navires coloniaux et rêves impériaux, n’a jamais protégé les régimes fragiles. Elle isole, elle sépare, et parfois, elle trahit. En confiant ses armes aux vagues, le Palais M5 joue à l’apprenti pirate. Mais chacun sait que les radeaux de survie ne sauvent pas les dictatures : ils n’en retardent que le naufrage.
La chronique d’un souverain fantôme
Au Palais M5, on n’entend plus battre le cœur du peuple, mais seulement le cliquetis métallique des barres alignées, comme des ossements d’un pont à naître. Le souverain des lieux, fantôme drapé d’or, n’a plus confiance dans la terre ferme qui gronde sous ses pieds. Alors il imagine déjà une passerelle posée sur l’eau, un radeau de survie pour fuir la colère de ceux qu’il prétend gouverner.
Ce matériel froid, posé sur la table comme une promesse de métal, ne prépare pas l’avenir d’une nation. Il dessine une arche inversée : non pas pour sauver un peuple des eaux, mais pour sauver un roi-fantôme des colères de son peuple.
Ainsi, le Palais M5 rêve d’un mariage avec les îles de Los. Les vagues en complices, les marées en sentinelles, et les poissons en gardes du corps. Mais l’eau n’a jamais protégé les tricheurs : elle isole, elle sépare, et parfois, elle engloutit.
Alors, que vaut ce pont flottant sinon l’aveu qu’on tremble ?
Un palais qui prépare déjà sa passerelle de fuite est une citadelle qui a cessé de régner. Et quand le peuple viendra, ce ne sont pas les planches de métal ni la mer salée qui retiendront la vérité : l’eau renverse toujours ceux qui croient pouvoir marcher au-dessus d’elle.
Par Siba Beavogui