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Baba Hady Thiam : l’expert sur le sable mouvant de l’arnaque, naufragé du savoir qui s’acoquine avec l’illégitime !

Àï ! Mince ! J’aurais voulu enrober Baba Hady Thiam d’éloges, saluer sa brillante carrière académique et son audace à affronter l’univers du savoir et de l’excellence. Il a la jeunesse, le savoir et la prestance.

Diplômé de Harvard, avocat d’affaires reconnu à Paris et à Conakry, conseiller de multinationales, invité vedette de RFI et Jeune Afrique dans l’émission Éco d’ici, Éco d’ailleurs. Sur le papier, il coche toutes les cases de l’intellectuel africain mondialisé.

Mais voilà : il a choisi d’accepter de meubler le narratif de l’inégal et de la dictature, au service d’un putschiste dont les mains sont tachées de sang. Le comble, c’est que notre jeune intello incontesté figurait jadis parmi les activistes opposés au troisième mandat d’un président élu. Comment comprendre qu’il apporte aujourd’hui son crédit à un régime illégitime qui traîne derrière lui des cadavres scandaleux ?

La métaphore du penalty : séduisante mais trompeuse . Sa récente sortie médiatique a marqué les esprits par une formule choc : « Simandou est notre penalty dans le temps additionnel, il faut le tirer sans trembler ». L’image est belle, accessible, populaire. Le football est un langage universel en Guinée, et la métaphore suscite instantanément l’adhésion.

Mais Simandou n’est pas un penalty. C’est un projet titanesque : des dizaines de milliards d’investissements, des centaines de kilomètres de chemin de fer, un port en eau profonde, des milliers de vies affectées, et la redistribution de rentes colossales. Réduire ce projet à un coup de pied, c’est maquiller les véritables enjeux.

Cette simplification occulte :
• la bataille géopolitique entre Rio Tinto, Winning Consortium Simandou et China Baowu ;
• les enjeux juridiques autour des clauses fiscales, environnementales et de contenu local ;
• les questions sociales concernant les communautés déplacées, les travailleurs, les compensations.

Un penalty ? Non. Plutôt une partie complexe où la Guinée risque d’être spectatrice plutôt qu’actrice.

Le silence sur l’illégitimité du régime.

L’angle mort de son interview est criant : rien sur la légitimité du pouvoir en place. Tout est dit de la solidité contractuelle, de la présence de grands cabinets, de la technicité des montages juridiques. Mais rien n’est dit du contexte : la Guinée est gouvernée depuis le 5 septembre 2021 par une junte militaire sans mandat populaire, qui signe au nom du peuple sans lui rendre compte.

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Signer des contrats dans ces conditions, c’est donner un vernis juridique à des décisions politiques fragiles. Demain, un gouvernement élu pourra arguer que ces accords sont nuls, entachés d’illégalité originelle. Les investisseurs le savent, mais préfèrent sécuriser leurs positions dans l’urgence. Et Baba Hady Thiam devient, malgré lui ou non, l’un des artisans de cette sécurisation précaire.

L’intellectuel face à un choix moral. Avec son bagage, il aurait pu être un rempart pour la souveraineté populaire. Il aurait pu exiger la transparence, rappeler que la richesse minière ne peut être durable sans justice sociale et sans institutions légitimes. Il aurait pu, dans une tribune internationale, dire haut et fort que Simandou ne peut pas être le but d’un putsch.

Au lieu de cela, il choisit la neutralité apparente : parler d’opportunité, d’infrastructures, d’investissements, tout en évitant soigneusement de questionner le pouvoir qui encadre ces décisions. Son choix lui donne une crédibilité technique auprès des investisseurs, mais il entame sa crédibilité morale auprès du peuple.

Une crédibilité en vitrine, une fragilité en profondeur.

Baba Hady Thiam maîtrise les codes, il rassure les partenaires étrangers, il vulgarise pour le grand public, il incarne la jeunesse montante. Mais cette crédibilité n’est qu’en vitrine. En profondeur, elle repose sur un paradoxe : être l’expert d’un projet qui manque de légitimité politique.

C’est l’image de l’expert sur sable mouvant : brillant techniquement, mais enfermé dans une architecture fragile parce que bâtie sur un coup d’État. En choisissant ce rôle, il prend le risque d’apparaître demain non comme un bâtisseur de souveraineté, mais comme l’avocat d’un moment d’exception balayé par l’Histoire.

un penalty pour qui ?

Au final, l’interview de Baba Hady Thiam illustre à la perfection le dilemme de nombreuses élites africaines formées à l’international : mettre leur savoir au service du peuple ou au service de pouvoirs instables. En parlant de Simandou comme d’un penalty, il invite à croire en un but imminent. Mais pour les Guinéens, la vraie question demeure : ce penalty est-il tiré pour eux, ou pour légitimer un régime putschiste ?

L’avenir dira si ce tir fut une victoire pour la Guinée ou un cadeau offert aux fossoyeurs de sa souveraineté.

Par le chasseur de vérité 

 

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