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HAC : sur une institution transformée en patrimoine familial

La Haute Autorité de la Communication (HAC) est-elle en train de se transformer en héritage familial ? En tout cas, les faits que nous mettons à jour laissent pantois : un véhicule financé par l’État, censé servir aux missions officielles de l’institution, se retrouve dans l’usage privé de l’épouse du président Boubacar Yacine Diallo.

Pour la petite histoire, sous le régime d’Alpha Condé, quatre (4) pick-up flambant neufs avaient été offerts à la HAC pour faciliter ses activités à l’intérieur du pays. Avec l’arrivée du CNRD, le président de la transition en a ajouté deux (2), portant le total à six (6) pick-up. Des véhicules destinés au travail des commissaires et du personnel administratif.

Selon nos informations, depuis maintenant plus de 2 ans, l’un de ces six pick-up s’est volatilisé dans la nature et reste introuvable. Après vérification, nous venons de découvrir qu’il se trouve entre les mains de l’épouse du président de la HAC, avec l’immatriculation VA- 5684-A.

Pourtant, cette dame ne travaille pas à la HAC. Elle est en service à l’Agence Nationale des Statistiques Agricoles et Alimentaires (ANASAA), un service relevant du ministère de l’Agriculture. D’où la question depuis quand une fonctionnaire d’un autre ministère peut-elle s’approprier un véhicule officiel d’une institution qui n’a aucun lien avec son service ?

Le scandale ne s’arrête pas là. Le dernier fils de Boubacar Yacine Diallo, fraîchement rentré du Sénégal après ses études, a été vu à plusieurs reprises dans les missions techniques de la HAC à l’intérieur du pays. Or, ce jeune que tous les commissaires de la HAC appellent “Elhadj”, n’est ni agent contractuel, ni stagiaire, ni même un prestataire officiel de l’institution.

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En clair, les missions publiques se retrouvent privatisées au profit d’une famille, sous le nez et dans le silence complice des commissaires.

La HAC déjà sous perfusion politique à cause de son alignement incongru aux autorités militaires du CNRD dans la censure de la presse et la répression des hommes de médias, n’avait pas besoin d’un tel scandale. En accaparant des biens et missions financés par le contribuable, la famille du président Boubacar Yacine Diallo jette une nouvelle ombre sur la crédibilité de l’institution qui fonctionne désormais dans l’illégalité.

L’attitude du président de la HAC, dépasse un simple pick-up ou une mission de terrain. C’est l’éthique même d’une autorité de régulation qui est en panne. Quand les ressources publiques deviennent la propriété privée des dirigeants, que reste-t-il du service public ?

Entre la question de transparence et le déshonneur, des interrogations demeurent : qui a autorisé l’utilisation d’un véhicule de la HAC par l’épouse du président ? Sur quelle base le fils du président participe-t-il aux missions officielles ? Quelles mesures seront prises pour mettre fin à ces dérives ? Ces questions ne sauraient rester sans réponse si la HAC bien que périmée, gardait encore un minimum de crédibilité et de respectabilité.

Mamoudou Babila KEÏTA
Journaliste d’investigation
Éditorialiste. Voix libre en exil.

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