L’illusion navale d’un pouvoir à la dérive
Dans un contexte de crise économique, de colère populaire et d’isolement international, le régime de Mamadi Doumbouya tente de redorer son blason en exhibant des images spectaculaires de forces spéciales maritimes. Baptisé « Commando Sierra Delta », cet arsenal nautique ultra-médiatisé est présenté comme la vitrine d’une armée moderne. En réalité, il s’agit d’un décor de cinéma, conçu pour masquer l’échec politique d’un pouvoir en chute libre.
II. Des jouets de guerre budgétivores
Le Commando Sierra Delta est un concentré d’apparences. Les zodiacs utilisés, semblables à ceux des unités d’intervention rapides, sont certes rapides et impressionnants en vidéo, mais leur structure légère les rend aussi vulnérables qu’une barque de pêche. Aucun blindage, aucune défense réelle : ces embarcations sont faites pour défiler, pas pour combattre.
Les uniformes camouflés sur-mesure, les insignes pseudo-élitistes et les centres de commandement avec grands écrans ne servent qu’à une chose : filmer la propagande. Des millions de francs guinéens ont été engloutis pour satisfaire l’égo d’un chef de junte, pendant que les écoles tombent en ruine, que les hôpitaux manquent de médicaments, et que les familles n’ont plus les moyens de se nourrir.
III. Facile à faire couler : l’analyse technique qui tue
Derrière l’illusion se cache une vulnérabilité stratégique criante, que toute expertise militaire sérieuse pourrait démonter en quelques minutes. Les zodiacs utilisés par la junte sont non-blindés, dotés d’une coque en fibre plastique ou en PVC renforcé. Un tir de kalachnikov bien placé ou une grenade dans l’eau suffirait à les neutraliser.
Pire encore : le poste de commandement numérique que l’on voit dans les vidéos est exposé, non protégé contre le brouillage, sans redondance technique en cas de coupure ou d’attaque cybernétique. En mer agitée, ces embarcations deviennent instables. En mission réelle, elles seraient paralysées à la première riposte, ou sabordées par un simple drone civil armé.
Une simulation interne, menée par des analystes de sécurité, démontre que :
• une grenade lancée à proximité entraîne une perte de stabilité immédiate,
• un tir RPG ou une balle de précision sur le moteur rend l’embarcation inutilisable,
• une attaque par brouillage radio rend le commandement aveugle et sourd,
• un drone amateur équipé d’un dispositif de largage peut frapper sans riposte possible.
Conclusion tactique : ce “commando” est un mirage. Il est plus fragile qu’un canot de plage face à un adversaire déterminé.

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IV. Le théâtre de guerre d’un pouvoir fragile
Tout indique que le Commando Sierra Delta n’a jamais été conçu pour défendre la Guinée. Il a été conçu pour défendre le régime. Ces forces nautiques, qui devraient servir à surveiller nos côtes et protéger nos ressources halieutiques, sont détournées pour protéger les villas, les ports, les comptes et la paranoïa du président autoproclamé.
Chaque image de ces militaires à la mer est pensée pour les réseaux sociaux, pas pour une doctrine de défense nationale. Chaque uniforme est une mise en scène. Chaque opération filmée est une farce stratégique dont le seul objectif est d’intimider l’intérieur et de simuler la puissance vers l’extérieur.
V. Le coût de la propagande
Combien coûte ce décor flottant ? Des millions de dollars de budget de défense détournés, selon des sources militaires. Chaque bateau coûte l’équivalent de plusieurs blocs opératoires. Chaque uniforme est un mois de salaire d’un enseignant. Chaque heure passée en mer pour filmer ces clips pourrait servir à ravitailler des écoles reculées.
Et pour quoi ? Pour que Mamadi Doumbouya puisse publier une vidéo de “forces spéciales” sur Facebook. Un luxe de dictateur, payé par un peuple affamé.
VI. Le verdict
Le Commando Sierra Delta n’est pas une force armée :
c’est un théâtre nautique de propagande.
Facile à couler. Facile à contourner. Inutile militairement. Dangereux budgétairement.
Chaque franc dépensé dans ce dispositif est une trahison faite à la jeunesse guinéenne, aux enseignants, aux hôpitaux, à nos pêcheurs, à notre souveraineté réelle.
La prochaine fois qu’un dignitaire exhibera ce jouet de guerre comme preuve de puissance, rappelez-vous ceci :
Ce n’est pas un arsenal. C’est un clip. Et les clips ne gagnent pas les guerres.
Par Siba Beavogui