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ÉDITORIAL — Le recueillement travesti : quand la mémoire devient décor

Il y a des images qui frappent non par ce qu’elles révèlent, mais par ce qu’elles trahissent. Celle-ci en fait partie. Un homme, à genoux devant un tombeau. En apparence, le recueillement. En réalité, une mise en scène creuse au nom du souvenir.

Fiche visuelle : Le personnage central est assis, posture prétendument pieuse. Mais son regard le trahit. Il sourit à peine, comme s’il savourait l’effet de l’objectif.

Sa tenue ?

Un polo militaire bariolé, orné d’un logo ostentatoire. Rien qui évoque la retenue d’un hommage sincère. Plutôt une volonté d’imposer une image : celle d’un homme fort, même dans l’intimité du deuil.

Le visage affiche un faux sérieux, une absence de profondeur émotionnelle. Le regard flotte, distrait. L’expression ne dégage ni gravité, ni recueillement.

Le tombeau, lui, est transformé en décor. Un théâtre improvisé, vidé de sens, habité par la récupération politique.

C’est là que le malaise commence.

Il y a des lieux où le silence doit primer sur les slogans. Il y a des morts qu’on ne réveille pas avec des caméras. Il y a des mémoires qui méritent mieux que le clinquant d’un polo et la pose d’un acteur.

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Le président Lansana Conté appartient à l’histoire. Il a dirigé, combattu, tranché, assumé. Son nom appartient à la mémoire collective, et à ce titre, il mérite un silence pur, digne, profond. Pas une simulation calibrée pour la diffusion.

À genoux devant les caméras, mais debout dans la manipulation : voilà l’image. Ce n’est pas un hommage, c’est une mascarade. On n’utilise pas la tombe d’un chef d’État pour valider un projet de trahison. On ne joue pas avec les morts sans en payer le prix.

Le sourire léger, l’allure assurée, la pose maîtrisée… tout sent le contrôle, la stratégie. Profaner un héritage pour s’offrir une légitimité, c’est cracher sur l’histoire.

Le silence d’un tombeau vaut mieux que mille prières hypocrites. Quand le recueillement devient spectacle, l’âme du défunt s’éloigne.

Sous ce sourire forcé, la mémoire tremble.

Lansana Conté ne mérite pas qu’on travestisse sa paix pour des ambitions personnelles. Il fut un homme d’État, pas un prétexte électoral.

Qu’on le laisse reposer… sans masque, sans drame, sans caméra.

 Guineefutur.info

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