Chapô : Dans l’ère post-putschiste, une génération d’acteurs autoproclamés de la « nouvelle conscience » joue aux révolutionnaires, fascinée par les symboles mais allergique aux sacrifices. Entre théâtre politique et illusions de grandeur, le paraître supplante le faire, et les slogans remplacent l’action.
Djiba, le mouton du M5, avance sous la houlette d’un petit bâton venu d’Ohio, guide de circonstance au verbe grandiloquent mais à l’impact incertain.
C’est l’histoire d’un duo improbable : l’un se rêve stratège, l’autre maître du jeu, tous deux fascinés par les artifices du pouvoir et les illusions politiques. Ils se nourrissent de discours empruntés, s’alignent sur des sources d’inspiration étrangères et s’inventent un rôle dans un monde qui attend des actions, pas des slogans.
Leur parcours ressemble à une pièce où le paraître prime sur le faire : cérémonies, rencontres protocolaires, selfies et promesses de réforme autant de scènes où l’apparence remplace la substance. Et pourtant, derrière le spectacle, le vrai travail, celui qui change les vies, reste dans l’ombre.

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Sous les habits de la transformation, ils rejouent la vieille comédie du pouvoir déguisé en idéal. La scène se déroule au palais du mangeoire, là où la loyauté se mesure à la proximité du micro. Le reste ? Silences, flatteries et contorsions morales.
Dans ce théâtre de l’opportunisme, la rhétorique remplace l’action, et les réseaux d’influence étrangère se présentent comme substituts d’une légitimité populaire introuvable. Ainsi se tisse la toile d’une imposture moderne : celle où les slogans d’émancipation servent de paravent à la compromission, et où la révolution devient une marque déposée.
Et pendant que les vrais bâtisseurs peinent dans l’ombre, ces figurants du changement s’improvisent acteurs principaux. Mais le public, lui, n’est plus dupe : il a compris que les moutons déguisés en bergers finissent toujours par retourner à la bergerie.
Par Siba Béavogui