Une gifle à la dignité des autochtones. Pathétique.
À la place des écoles, ils distribuent des cahiers.
À la place des subventions publiques, ils offrent des bics. À la place des hôpitaux, ils abandonnent quelques livres.
Dans une réminiscence coloniale, ils troquent l’or des communautés contre des fournitures éphémères, comme les esclavagistes qui bernaient nos ancêtres avec des miroirs contre un bras valide.
Voici l’histoire d’une société minière qui doit légalement reverser 1 million de dollars par an au titre du développement local, mais se contente d’agiter 50 000 dollars de kits scolaires comme une médaille de vertu sociale. Un geste humiliant, instrumentalisé comme une opération de blanchiment moral, pendant que l’or sort du sol, que les terres se meurent, et que les communautés survivent dans l’ombre de l’exploitation.
Installez-vous. Dégustons ensemble l’arnaque, l’immoralité et l’irresponsabilité d’une entreprise qui préfère financer le parjure d’une junte que réparer les blessures laissées dans les villages qui portent le poids de ses forages.
Juridiquement, la distribution de kits scolaires par la SMD n’est pas un acte philanthropique mais une action subsidiaire relevant de ses obligations en matière de contribution au Fonds de Développement Local (0,5 % du chiffre d’affaires Article 165) et de mise en œuvre d’un Plan de Développement Local (Article 130). En mettant en avant 440 millions GNF d’actions symboliques au lieu de communiquer sur des milliards légalement dus aux communautés, la société détourne l’attention et transforme une obligation légale minimale en outil de propagande sociale.
Le Code minier impose une contribution minimale de 0,5 % du chiffre d’affaires au développement local. Au regard des volumes d’or exportés par la SMD, ce pourcentage représente potentiellement plusieurs milliards de francs guinéens par an. Or, la société se contente d’une distribution de kits évaluée à 440 millions GNF soit à peine l’équivalent de 4 à 5 % de ce qu’elle devrait officiellement réinjecter au titre du développement communautaire. Autrement dit : ce geste n’est pas une générosité, c’est un échantillon.
Contrairement à ce que laisse entendre la communication de la SMD, les actions dites « sociales » (telles que la distribution de kits scolaires) ne relèvent pas d’une générosité volontaire, mais d’une obligation légale stricte inscrite dans le Code minier guinéen.
1. Une obligation fiscale, pas une faveur
Selon l’Article 165 (ex-Article 158) du Code minier modifié en 2013 : « Le titulaire d’un titre d’exploitation verse 0,5 % (zéro virgule cinq pour cent) de son chiffre d’affaires annuel au Fonds National de Développement Local (FNDL). »
Cette contribution est obligatoire.
Elle doit financer directement les collectivités impactées par l’activité minière. Elle est proportionnelle au chiffre d’affaires total de la société, et non à sa bonne volonté.
Exemple illustratif : Si la SMD réalise un chiffre d’affaires annuel hypothétique de 200 millions USD, l’obligation légale serait :
0,5 % du CA ≈ 1 000 000 USD → soit plus de 8 milliards GNF à reverser chaque année au titre du développement local.
2. Un cadre social structurant légalement exigé
Selon l’Article 130 du Code minier, la société minière doit : Établir un Plan de Développement Local (PDL)
Financer un Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES)
Ces plans sont contractualisés dans la Convention minière, donc légalement exécutoires. Ils doivent inclure des projets d’infrastructures sociales durables (écoles, santé, eau, emploi local, formation, industrialisation territoriale).
Ainsi, la distribution de kits scolaires ne peut en aucun cas être considérée comme un accomplissement RSE majeur.

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3. La propagande des miettes face à l’or exporté
En distribuant pour 440 millions GNF de fournitures (≈ 50 000 USD), la SMD met en avant une action dont la valeur représente potentiellement :
À peine 4 à 6 % du montant qu’elle est légalement tenue de reverser si l’on applique le seuil minimal de 0,5 % du CA.
Une fraction marginale des obligations RSE structurelles (PDL, PGES).
Aucune transparence n’est fournie sur le respect réel de l’article 165, ni sur la mise en œuvre d’un véritable PDL co-construit avec les communautés.
4. Le grand théâtre de la bonne conscience
Chaque année, la SMD organise sa grande messe humanitaire : distribution de kits scolaires aux enfants de sa zone d’exploitation. Pour 2025-2026, l’opération concerne 8 012 élèves de 28 écoles, pour une valeur totale annoncée de 440 millions GNF. Les autorités locales applaudissent, les caméras filment, les élèves entonnent des chants de gratitude.
Mais derrière cette scénographie, une question dérange : 50 000 dollars de kits peuvent-ils racheter des centaines de millions de dollars d’or extraits annuellement, sans industrialisation locale, sans université minière, sans usine de transformation, sans avenir garanti pour les enfants brandissant leurs sacs comme des trophées de misère ?
Ils extraient l’or en tonnes, et rendent des bics en échange.
Ils assèchent des nappes phréatiques, puis offrent des cahiers pour apaiser les colères.
Ils font croire à un geste salvateur, alors qu’ils achètent le silence avec dix crayons et un sac à dos.
5. Le moment de vérité : enquête ouverte
Ce qui se présente comme un don n’est peut-être que la partie visible d’une obligation légale maquillée.
La question n’est donc plus : « Que donne la SMD ? », mais bien :
Combien devait-elle réellement reverser ?
Où est passé l’argent légalement dû aux communautés ?
Le Code minier est-il respecté ou contourné via des opérations de communication ?
À partir de ce constat, l’ouverture d’une enquête s’impose pour non-respect présumé des obligations de responsabilité sociétale. La transparence n’est pas une faveur c’est un droit des populations locales.
Par le chasseur de vérité