RASDN dit “OUI” à la candidature du Général Mamadi Doumbouya : chronique d’une infraction en flagrant délit !
Il veut manipuler des bêtes de foule pour faire porter sa candidature par le peuple mais ce qu’il ignore, c’est qu’il a prêté serment sur le sacro-saint du pénal. Le parjure n’est pas une procédure civile. C’est un crime de trahison morale. Comme le receleur, il ne vole pas, mais il participe au crime ; et la loi le prend au collet au même titre que le voleur.
Sur les avenues de Conakry, une banderole géante trône : le visage figé du général Mamadi Doumbouya, drapé de l’écharpe rouge-jaune-verte, surmonté d’un slogan sans ambiguïté :
« RASDN dit OUI à la candidature du Général Mamadi Doumbouya ».
Sous un soleil de plomb, les partisans acclament, les haut-parleurs crépitent, un camion rouge sert de podium improvisé. Mais derrière ce décor de ferveur populaire se cache une évidence brutale : peut-on faire campagne pour une candidature illégale sans violer la loi suprême de la République ?
Depuis plusieurs semaines, les satellites du pouvoir s’agitent. Les affiches fleurissent, les T-shirts circulent, les micros s’emballent. Et pourtant, aucun décret n’annonce la fin de la transition, aucun texte n’autorise l’ouverture du processus électoral. La légalité est mise en pause, le bon sens sous anesthésie.
Selon la Charte de la transition, adoptée par le CNRD lui-même, le chef de l’État ne peut être candidat à aucune élection. Ce principe, censé sanctuariser la neutralité de l’État, devient aujourd’hui la première victime d’une ambition qui s’habille en projet collectif. Le régime se joue de la loi comme on joue d’un tambour : il en frappe le rythme pour endormir les consciences.
L’article 37 de la Charte est pourtant clair :
« Tout engagement solennel pris devant la Nation engage moralement et juridiquement celui qui le prononce. »
Or, Doumbouya a juré devant Dieu et devant le peuple qu’il ne serait pas candidat. Le parjure, en droit, c’est la trahison du serment. Et dans une période de transition, cette trahison n’est pas symbolique : elle détruit la colonne vertébrale de la légitimité politique.
La nouvelle Constitution, loin d’abroger ce principe, le renforce subtilement dans son article 42, en érigeant la moralité et l’intégrité en conditions d’éligibilité. Autrement dit, celui qui a juré de ne pas trahir et qui trahit, se disqualifie lui-même.
Le Code pénal, dans son article 129, ne laisse aucune zone grise :
« Toute personne investie d’une autorité publique, qui viole son serment ou en favorise la violation, est passible de poursuites pour forfaiture et atteinte à la Constitution. »

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Dès lors, tous ceux qui organisent, financent ou propagent cette propagande anticipée deviennent complices de parjure. La responsabilité pénale ne se délègue pas, elle s’étend. Même dissimulée sous des structures dites “civiles” ou “associatives”, la faute demeure : c’est le crime politique par procuration.
Sur la banderole, on lit aussi le logo du projet Simandou 2040, symbole d’un programme national censé incarner la souveraineté économique. Le voir accolé au portrait du général n’a rien d’innocent : c’est un vol symbolique, une récupération d’un bien public à des fins partisanes.
L’article 107 du Code pénal est explicite :
« L’utilisation à des fins politiques des biens, fonds, logos ou programmes appartenant à l’État constitue un détournement de ressources publiques et un abus de fonction. »
Ce n’est donc pas une initiative populaire, mais une communication d’État travestie en mobilisation citoyenne. Un crime institutionnel grimé en ferveur patriotique. L’illusion est parfaite, mais la loi, elle, ne dort pas.
Dans l’ombre, plusieurs associations témoignent à voix basse : on les aurait “encouragées” à s’impliquer, sous peine de perdre leurs marchés publics. D’autres avouent avoir participé par peur de représailles. Voilà comment la dictature se déguise en démocratie : en transformant la peur en participation, et la soumission en adhésion.
Le paradoxe est total. Celui qui devait conduire la transition vers la démocratie semble prêt à la confisquer.
Celui qui promettait la rupture perpétue le cycle de la trahison. Et celui qui se voulait symbole de discipline militaire devient l’icône du mensonge institutionnalisé.
La Guinée, une fois de plus, se retrouve à la croisée des chemins : ou elle restaure la primauté du droit sur le délire du pouvoir, ou elle se perd dans la répétition tragique des impostures légalisées.
Le “Oui” du RASDN n’est donc pas un cri d’amour du peuple. C’est un test de loyauté imposé à une nation bâillonnée.
Il mesure non pas l’adhésion, mais la peur.
Et dans ce jeu dangereux, la loi observe, silencieuse mais patiente, car l’histoire guinéenne a toujours son dernier mot :
les serments trahis précèdent les chutes brutales.
Par le chasseur de Vérité