Venez-ôh ! L’armée de spectacle nous dévoile du nouveau. Trop de bruit pour rien. Le tigre ne clame pas sa tigritude. En clair, l’orchestre de la dictature militaire nous présente son centre de commandement, vitrine d’une guerre de survie.
Dans son fantasme désespéré de plan de guerre, il érige la technologie comme arme stratégique contre un commando d’expérience et un peuple déterminé à sauvegarder sa liberté. Cette folie rappelle Hitler, qui s’était discrètement préparé dans une démarche d’usure, pensant gagner l’avantage de l’effet de surprise. La suite, nous la connaissons tous : l’opération Barbarossa et la défaite du fascisme dans l’arrogance de son illusion.
Quand la technologie se retourne contre ses maîtres.
Dans ce centre de commandement, les putschistes croient avoir gagné la bataille de la modernité. Écrans géants, drones thermiques, logiciels cartographiques… tout semble les placer du côté de la puissance et du contrôle.
Mais la technologie n’est jamais neutre : elle n’est que le reflet de l’esprit qui la manipule. Ce n’est pas parce qu’on détient du matériel high-tech qu’on possède la lucidité stratégique. La bataille de l’honneur ne se joue pas seulement avec des caméras et des drones, mais avec la capacité d’anticiper, de comprendre, de s’adapter.
Et en exposant ce centre comme une vitrine de force, les putschistes révèlent en réalité une faille stratégique. Ils montrent à tous leurs adversaires comment ils voient, ce qu’ils surveillent, et surtout ce qu’ils ne voient pas. En dévoilant leur dispositif, ils offrent la carte de leur propre vulnérabilité.
Immersion : au cœur de la salle des écrans.
Dans une salle plongée dans une lumière froide, des écrans couvrent tout un mur. Les visages des officiers se reflètent dans les mosaïques d’images qui défilent : un carrefour filmé d’en haut, une place balayée par une caméra thermique, une route scrutée par un œil fixe. Ici, chaque pixel devient un renseignement, chaque signal une arme.

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Au cœur de ce dispositif, les drones tournent comme des vautours numériques. Ils scrutent les foules, repèrent les véhicules, décodent la chaleur invisible des corps. À côté, les caméras urbaines tissent une toile serrée : aucune rue, aucun axe ne semble échapper à cette surveillance permanente. Les deux se complètent, s’imbriquent, se renforcent.
Les officiers parlent peu. Un geste de la main, un micro porté à la bouche, et une information s’envole vers le terrain. Les forces déployées reçoivent des ordres précis : encercler, disperser, contrôler. Le centre des opérations, avec ses écrans et ses logiciels cartographiques, devient une tour de contrôle de la répression.
L’illusion d’une forteresse numérique.
Car toute technologie a son antidote. On neutralise un drone, on brouille un signal, on détourne une caméra. Mais on ne neutralise pas l’expérience, la mémoire des luttes, ni l’instinct de résistance d’un peuple. La République peut vaciller sous le poids des écrans, mais elle se relève avec des hommes et des femmes qui savent que l’honneur n’a pas besoin de pixels pour vaincre.
Rien de spontané : tout est calculé. L’image thermique révèle un attroupement nocturne, aussitôt traduit en coordonnées GPS. La vue plongeante du drone montre une foule qui se densifie, et le commandement décide d’intervenir. Chaque unité de police, de gendarmerie ou de militaire n’est plus qu’un pion déplacé par le doigt invisible qui contrôle les écrans.
Pour les putschistes, ce centre est une forteresse numérique. Pour la République, c’est une cage invisible où les citoyens sont réduits à des silhouettes mouvantes, observées, fichées, anticipées. Derrière la façade technologique se cache une logique : étouffer toute contestation, avant même qu’elle ne prenne forme.
Par Siba Beavogui pour guineefutur.info