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Riposte médiatique – Pendant que la mort frappe Manéah, le putschiste s’abreuve de Simandou dans le théâtre éhonté du Palais M5!

Le plus ironique, c’est cette mise en parallèle avec Donald Trump. Comme si une simple poignée de main avec président américain suffisait à effacer le péché originel d’un putschiste. Une poignée de main ne fait pas une légitimité, encore moins une morale. La Guinée mérite mieux qu’une diplomatie de photos-souvenirs.

Au Sénégal, le président n’a pas hésité à descendre dans les ruelles inondées, à arpenter les caniveaux débordés pour compatir à la douleur des quartiers touchés. En Guinée, par contre, nous avons un chef militaire illégal qui ne connaît qu’une seule boussole : l’oseille de la République. Quand ça pleure dans nos quartiers, il se tait. Quand le dépôt explose à Conakry, silence. Quand des vies s’éteignent dans la bousculade du stade de N’Zérékoré, silence. Quand la terre tremble à Manéah, silence encore. Aucun mot, aucune visite, aucune proximité. Mais dès qu’il s’agit des mines, alors là il est prompt, rapide, empressé, comme si l’or et le fer valaient plus que les larmes et le sang de son peuple.

Au Palais Mohammed V, la mise en scène était parfaite. Lumières, dorures, tapis soigneusement déroulés : tout y était pour transformer une réunion en spectacle. Les généraux, les conseillers, les ministres défilaient, impeccablement rangés, semblables à des figurants dans un film de propagande. Et au centre de ce théâtre, Mamadi Doumbouya, grimé en bâtisseur d’héritage, alors qu’il n’est en vérité qu’un locataire éphémère de l’histoire, entré par effraction et accroché désespérément aux rideaux du pouvoir.

Puis surgit Rio Tinto, acteur principal déguisé en sauveur. Ce même groupe qui, vingt ans durant, a laissé le Simandou dormir sous terre, condamnant des générations à la pauvreté. Aujourd’hui, il revient tel un phénix… mais un phénix vorace, pas pour illuminer, mais pour déchirer nos entrailles de ses griffes d’acier.

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Les communicants du régime martèlent le refrain du « partenariat gagnant-gagnant ». Mais qui gagne vraiment ? Les multinationales qui s’envolent avec nos montagnes de fer, ou les paysans du corridor transguinéen qu’on appâte avec quelques miettes ? Nos sages avaient déjà averti : « Quand le lion et l’agneau signent un contrat, il faut toujours regarder qui tient le stylo. »
On nous vante le respect de l’environnement, la protection des communautés… Rio Tinto ? Ce colosse couvert de scandales écologiques, de l’Australie à la Papouasie en passant par le Canada ? Et voilà que le régime s’échine à déguiser ce charognard en colombe immaculée.

La vérité nue saute aux yeux : Doumbouya se sert de Simandou comme d’un rideau. Derrière les slogans « Guinée debout, maîtresse de ses ressources », c’est une pièce où le peuple n’a même pas droit au rôle de figurant. Ce projet, qu’on présente comme un héritage pour nos enfants, risque de devenir une hypothèque géante sur notre souveraineté.

Et que dit ce communiqué, au fond ? Rien. Pas un mot sur la gestion des milliards. Pas un mot sur les routes, les hôpitaux, les écoles qu’on espère. Pas un mot sur les mécanismes de contrôle qui empêcheraient que ce fer devienne une malédiction de plus. Rien qui explique pourquoi un putschiste, englué dans la répression et la peur, pourrait incarner la modernité et les valeurs.

Nos anciens rappelaient avec sagesse : « L’homme qui vend la terre de ses ancêtres pour un plat d’argent condamne ses enfants à mendier leur héritage. » Voilà l’ombre qui plane aujourd’hui sur Simandou : un marché qui nous dépouille pendant qu’au Palais M5, on rejoue une comédie éhontée, sous les applaudissements forcés.

Par Siba Beavogui 

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