Une triste réalité ignominieuse, un défi historique pour un peuple opprimé et mal gouverné.
Dans cette émission “Sens Public” animée par le journaliste Thomas Hugues, en parlant de l’échec des services de renseignements français dans la zone du Sahel, qui échappe totalement au contrôle de l’oligarchie française depuis les coups d’Etat des dernières années, un des chroniqueurs dit ceci :
« Est-ce que tous les pays du Sahel sont passés sous la coupe des Russes ? Non.
Il poursuit,
«Vous avez un pays qui résiste et reste encore le plus profond; c’est la Guinée. Vous savez pourquoi ? Parce qu’en fait, c’est dû à une situation quasi personnelle matrimoniale.
Vous avez la femme du général Doumbouya, qui dirige la Guinée, c’est un officier de la gendarmerie française.
Donc, ils sont de nationalité française, ils ont des familles en France, ils ont des résidences en France. Donc, on espère que leur réunion personnelle sera la plus solide possible, ne serait-ce que pour préserver l’intérêt de la France. » Fin de citation.
Et pour terminer, sur le même plateau, un autre chroniqueur enfonce le clou en disant avec un ton sarcastique : « Effectivement, un ancien légionnaire…
Alors, êtes-vous toujours partants qu’il soit candidat et qu’il dirige la Guinée pour garantir les intérêts de la France ? »
Souhaitez-vous toujours qu’il soit candidat et dirige la Guinée pour garantir les intérêts de la France ? »
En dépit de la précarité qui touche notre pays, l’atmosphère sociale et politique est profondément bouleversée. Même s’il serait inapproprié d’attribuer l’origine de cette misère sociale à la seule gestion du général Doumbouya, son bilan dans ce domaine est sans doute désastreux. Cependant, il serait à la fois humainement injuste et intellectuellement inacceptable de prétendre que cette transition bénéficie au peuple de Guinée.
Pour la simple raison,

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Le premier indicateur du bien-être d’une société est la liberté, suivie de la sécurité, qu’elle soit physique, morale, juridique, sociale, politique ou démocratique.
Or, depuis le coup d’Etat du CNRD le 5 septembre 2021, les acquis durement obtenus au prix de nombreuses vies humaines ont été gravement remis en question par la seule volonté de confisquer le pouvoir en faveur de celui qui a tenu des engagements à rendre le pouvoir aux civils suite aux élections dont ni lui ni aucun autre membre des institutions de la transition sera candidat.
La charte de la transition, qui doit servir de contrat social entre le peuple et la junte militaire, est régulièrement violée par les autorités elles-mêmes.
Il convient de souligner qu’aucun vote n’a été accordé à cette junte pour diriger le pays, et que c’est à la suite de déclarations, d’engagements et de promesses tenus le 5 septembre 2021 et dans les jours qui ont suivi que le peuple a décidé d’accorder le bénéfice du doute au général Mamadi Doumbouya.
Aujourd’hui, après plus de trois ans et de multiples reports des élections, après des enlèvements et des actes de torture à l’encontre des acteurs de la société civile, ainsi que des arrestations arbitraires et des procès expéditifs de leaders politiques et de journalistes, malgré les efforts de la classe politique pour instaurer une transition inclusive, le CNRD poursuit son chemin comme s’il s’agissait d’une entreprise privée.
À présent, alors que leur avant-projet est devenu le projet final d’une constitution conçue sur mesure pour le président de la transition, le peuple guinéen est confronté à des défis majeurs et, face à son histoire, il a l’obligation de s’engager dans une dynamique de progrès social, économique et politique.
Ces objectifs ne pourront être atteints que par une stabilité politique gage de la croissance économique, et une justice sociale. Et vous conviendrez que ce n’est pas dans la recrudescence des coups d’Etat que ces objectifs seront atteints.
Si les armes doivent remplacer les urnes, et que chacun putschiste s’engage à rendre le pouvoir aux civils avant de retourner son treillis” le lendemain pour se présenter candidat et s’autoproclamer président élu, c’est que le bout du tunnel est encore très loin.
Cependant, ce que nous observons depuis plusieurs années est loin de correspondre aux attentes initiales du peuple guinéen.
Ainsi, chers compatriotes, une question demeure : allons-nous céder la Guinée à une oligarchie occidentale par l’intermédiaire d’un serviteur local ?
Par Abdourahamane Keïta