Une bibliothèque vivante que les jeunes officiers doivent incarner avec sagesse pour unifier l’armée. Ensemble découvrons la Chronique d’une résilience légendaire.
Il y a ceux que l’histoire détruit. Il y a ceux que le bruit absout. Et il y a ceux que le silence élève. Aboubacar Sidiki Camara, alias “Idi Amin”, appartient à cette dernière catégorie. Dans la brume des transitions incertaines et des régimes nerveux, il est devenu un paradoxe vivant : deux fois condamné à mort, jamais exécuté symboliquement.
Son crime ? Avoir été fidèle, puis avoir été perçu comme dangereux, puis avoir continué d’exister sans demander pardon. Première condamnation Le loyal devenu dérangeant (sous Lansana Conté). Le gendarme qui fait trembler l’état major. Officier de rang, stratège formé, figure respectée des partenaires étrangers… tout semblait le destiner à un rôle central dans la refondation militaire de la Guinée. Mais voilà : le pouvoir n’aime pas ceux qui ne demandent rien. Il se méfie de ceux qui ne courent pas. Il redoute ceux qui, debout, regardent sans parler. Alors le système a tenté de l’absorber. Puis de le mettre au placard. Puis de l’effacer. Première condamnation silencieuse : disparition des radars officiels.
Aucun décret ne le dénonce, mais tous savent qu’il est tenu à distance. Deuxième condamnation – L’alternative qui fait peur (sous le CNDD). Après avoir été écarté, il aurait pu crier à l’injustice, rallier les déçus, fomenter des soutiens. Il n’a rien fait de cela. Il a choisi la muraille du silence, cette prison volontaire des hommes d’État qui comprennent que le temps est un allié plus sûr que la colère. Mais ce silence même est devenu insupportable. Trop d’honneur tue l’oubli. Dans une République fragilisée par la théâtralisation militaire, l’ombre d’un homme structuré, réfléchi, respecté… devient un problème.
Troisième effacement symbolique avec son temps de mépris tranquille sous Alpha Condé. Il était le spectre qu’on n’ose nommer. Il a été éloigné faisant comme s’il n’existait plus. Et pourtant, rien n’effraie un cabri mort. L’incarnation de la Résilience stratégique dans l’univers de l’exil intérieur. Jeté à l’ambassade de Cuba, il ne s’agite pas. Il ne provoque pas. Il se meut dans le silence, devenu méthode. Il n’a pas choisi l’attaque. Il a choisi la discipline intérieure. Une stratégie rare, où l’on attend non le moment du pouvoir, mais le moment du peuple. Une bibliothèque vivante, un sphinx dans la salle au cœur imbibé de grâce et de pardon. Dans un pays où les puissants s’écroulent en direct, où les héros d’hier deviennent les fuyards revanchards, la figure de “Idi Amin” fascine par son immobilité verticale. On dit qu’il n’est plus rien. Mais il inspire les anciens, intrigue les jeunes officiers, rassure les diplomates.

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Et il reste une bibliothèque. Un socle de mémoire vivante que les jeunes du CNRD devraient consulter, non ignorer. Sa présence dans un groupe de jeune patriotes, c’est l’assurance qu’il reste des adultes dans la salle, qui permettra le triomphe du CNRD. C’est un souffle de stabilité, une bénédiction pour la transition, un rappel que Dieu n’a pas encore quitté l’armée. Il est le seul loup encore vivant dans les entrailles de l’armée, celui qui relie passé, présent et avenir.
Trois vecteurs de rassemblement qui, en silence, ont longtemps boosté Mamadi Doumbouya. Aboubacar Sidiki Camara n’est pas un militaire comme les autres. C’est un mage silencieux, un stratège à l’ancienne, qui rêve de rendre à l’armée guinéenne sa grandeur perdue, non pas par la force des armes, mais par la force des principes. Artisan d’une armée enracinée dans la citoyenneté, il incarne avec ferveur le lien sacré entre l’uniforme et le peuple.
À travers son concept « Nation et Armée », il redessine les contours d’une institution militaire au service de la République, et non au-dessus d’elle. Son ambition est claire : léguer à la postérité une génération de jeunes officiers cultivés, éduqués, intégrés à la société, proches du peuple – non plus craints, mais aimés. Une armée moderne, disciplinée, mais surtout humaine. Sa proximité avec les jeunes officiers du CNRD n’est pas un hasard : elle est le prolongement naturel de son engagement. L’aigle noir du Sankarisme, marqué par les épreuves de la vie et les rigueurs du combat, s’adresse aujourd’hui au peuple avec la sagesse des anciens et la conviction des bâtisseurs.
Il appelle à croire en une armée qui ne rompra jamais le cordon ombilical avec la Nation, une armée qui protège sans opprimer, qui sert sans dominer. Pour Aboubacar Sidiki Camara, l’honneur militaire n’est pas une posture, mais une promesse faite au peuple. Et cette promesse, il la porte haut comme un étendard dans les vents tourmentés de la transition.
Car ceux qui savent… diront à Mamadi de s’y abreuver pour achever à bien son programme d’unification de la grande muette.
Par Beavogui Siba