Obama prévient que l’Amérique est « dangereusement proche » de s’éloigner de la démocratie

« L’ancien président Barack Obama a averti que les États-Unis étaient « dangereusement proches de normaliser les comportements » répandus dans les pays autoritaires.

Obama, 63 ans, s’est exprimé mardi soir au Bushnell Performing Arts Center de Hartford, dans le Connecticut, au milieu de manifestations nationales contre l’administration Trump et ses raids anti-immigration visant à expulser les immigrants sans papiers.

« Si l’on suit attentivement les propos de ceux qui dirigent actuellement le gouvernement fédéral, on constate un faible attachement à ce que nous comprenions – et pas seulement ma génération, du moins depuis la Seconde Guerre mondiale – du fonctionnement d’une démocratie libérale », a déclaré Obama, selon Connecticut Public Radio.

« Il faut une réaction et une résistance de la part de la société civile, de diverses institutions et de personnes extérieures au gouvernement, mais il faut aussi que des représentants des deux partis au gouvernement disent : “Non, vous ne pouvez pas faire ça” », a-t-il ajouté.

« Ce que nous observons actuellement… n’est pas conforme à la démocratie américaine », a-t-il averti. « C’est conforme aux autocraties. »

 Cela correspond à la Hongrie sous Orbán. Cela correspond à des pays qui organisent des élections, mais qui ne respectent pas ce que nous considérons comme un système équitable où la voix de chacun compte, où chacun a sa place à la table des négociations et où personne n’est au-dessus des lois », a déclaré l’ancien président et sénateur. « Nous n’en sommes pas encore là, mais je pense que nous sommes dangereusement proches de la normalisation de ce type de comportement. »

Obama a soutenu que l’un des principaux problèmes à l’origine du conflit réside dans le désaccord entre les électeurs et les responsables publics sur les faits.

« En 2020, une seule personne a remporté l’élection, et ce n’était pas celui qui s’en plaignait », a déclaré Obama en référence aux fausses affirmations du président Donald Trump selon lesquelles l’élection avait été truquée contre lui.

Heather Cox Richardson, historienne et professeure au Boston College, a animé la discussion de mardi et a demandé à Obama ce qu’il dirait aux jeunes pour rester optimistes quant à l’avenir.

« Je reste optimiste, je suis toujours celui qui garde espoir », a déclaré l’ancien président.

Il a ensuite souligné l’importance d’être « impatient face à l’injustice et à la cruauté, et nous devrions manifester une indignation salutaire face à ce qui se passe actuellement, ici et dans le monde. »

« Mais si l’on veut instaurer le changement, il faut additionner, et non soustraire », a-t-il déclaré. « Il faut trouver des terrains d’entente avec ceux qui ne sont pas d’accord avec vous sur tout, mais sur certains points. »

« Lorsque les gens se rencontrent et apprennent à se connaître… ce que Lincoln appelait ces “bons anges” se manifestent », a-t-il ajouté. « Les gens commencent à se reconnaître les uns dans les autres et à se faire confiance, et ce n’est pas seulement la base de la démocratie, mais c’est la base de notre salut à long terme. »

Les commentaires d’Obama interviennent après qu’il se soit exprimé sur X dimanche pour exprimer des critiques à peine voilées contre la politique d’immigration de l’administration Trump.

« Il y a treize ans, mon administration a agi pour protéger les jeunes Américains de toutes les manières possibles, sauf une : sur le papier », a-t-il écrit. « Le DACA a montré comment nous pouvons être une nation d’immigrants et une nation de lois. Et c’est un exemple qui mérite d’être rappelé aujourd’hui, alors que des familles issues de milieux similaires, qui souhaitent simplement vivre, travailler et soutenir leurs communautés, sont diabolisées et traitées comme des ennemis. »

« Nous pouvons réparer notre système d’immigration défaillant tout en reconnaissant notre humanité commune et en nous traitant mutuellement avec dignité et respect. En fait, c’est la seule façon d’y parvenir », a-t-il ajouté.

Cependant, l’administration Obama a expulsé bien plus de personnes en une seule année que Trump n’en a jamais expulsé.

En 2013, 438 421 personnes ont été expulsées. Aucun autre président n’a fait mieux depuis.

Avec The Independent