Quand on vole les pauvres en prétendant craindre Dieu, que reste-t-il à espérer de la gouvernance ?
C’est une tradition vieille de plusieurs décennies : l’Arabie Saoudite réserve des places gratuites pour les pèlerins guinéens, en reconnaissance du rôle historique de la Guinée sous Sékou Touré. Ces précieuses places sont destinées aux plus démunis, aux fonctionnaires modestes, à ceux qui rêvent d’accomplir le grand voyage au nom de la foi.
Mais depuis trois ans, un nom revient avec insistance : Mandjoula Sylla, la mère du putschiste-président. Une femme devenue, selon plusieurs témoignages concordants, la régente informelle du réseau de pèlerinage, sous l’œil complice de son fils.
Pèlerinage spirituel ou business familial ?
Désormais, ce ne sont plus les pauvres qui montent à la Mecque, mais les amis, cousins, neveux et clients du clan familial. La concession Doumbouya s’est transformée en agence de voyage parallèle, où l’on pèse les bénédictions à la balance du profit personnel. L’accès ? Soit tu es parent, soit tu es perdant.

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Et ce n’est pas fini : la sœur veille sur les marchés, le “benjamin” rançonne l’administration, et le chef de famille se rêve en professeur de bonne gouvernance, pendant que le peuple, lui, regarde passer la caravane… à pied.
Voler l’État est un crime. Voler les pauvres au nom de Dieu, c’est une damnation.
Si Mandjoula a pu arnaquer, c’est parce que son fils lui en a donné les clés. C’est un détournement de foi autant que de fonds. Un coup porté à la dignité, à la religion, et à tous ceux qui n’ont que leur prière pour espérer.
Le peuple regarde. Et il comprend : ceux qui crient au vol sont souvent les voleurs en chef.
Par Siba Béavogui