Quand la vérité dérange, la dictature enferme. Mais la dignité, elle, ne se laisse pas incarcérer.
Ils ont peur. Voilà tout. Peur d’un homme libre, d’un homme debout, d’un homme qui ne marchande ni son silence ni ses convictions. Ils ont peur d’Aliou Bah, pas parce qu’il possède une milice, mais parce qu’il possède une voix. Une voix claire. Une voix forte. Une voix que la prison ne fait pas taire.
C’est cette voix qu’ils tentent d’étouffer derrière les murs de la maison centrale de Conakry. Un jugement cousu de fil blanc. Un appel du procureur lui-même – oui, du procureur ! – parce que la peine prononcée ne suffisait pas. Il fallait punir plus. Couper plus. Éloigner davantage. Voilà comment fonctionne une dictature paranoïaque : elle ne dialogue pas, elle élimine.
Ils ont voulu faire croire à un procès. En réalité, ce fut une exécution politique. La justice aux ordres a joué son rôle de chien de garde. Les instructions venaient du palais, les menaces tombaient par téléphone : “Le président n’est pas content de toi…”. Qu’on se le dise : la Guinée est gouvernée par la susceptibilité d’un ego en uniforme.
Et pourtant, derrière les barreaux, Aliou Bah tient bon. Il tient debout. Il parle encore. Il sourit même. Comme un défi. Comme un rappel que la dignité ne s’enterre pas avec des barreaux ni avec des jugements iniques. Sa cellule est devenue tribune. Sa détention, un appel à la résistance.
Aliou Bah n’est pas seul. Il partage la même cellule symbolique que Foniké Menguè, porté disparu depuis des mois. Il fait écho à la détresse des familles de Billo Bah et Habib Marouane Camara, enlevés par ceux qui confondent dissidence et trahison. Tous incarnent une même cible : la jeunesse libre, pensante, debout. Celle qu’on ne peut ni acheter ni soumettre.

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Aliou Bah ne représente pas seulement un parti. Il incarne une génération qui ne veut plus reculer. Il est l’épine dans le pied du pouvoir militaire, le grain de sable dans la machine de la compromission. Il est la preuve vivante que la politique peut encore rimer avec honneur, que la Guinée n’est pas condamnée à choisir entre les repris de justice et les criminels recyclés.
Alors oui, ils ont peur. Car ils savent que si ce peuple s’organise derrière un homme comme lui, leur règne s’effondre. Ils savent que si nous cessons de nous contenter de poster nos indignations sur Facebook, leur système craque. Ils savent que si nous faisons d’Aliou Bah non pas une victime mais un porte-étendard, alors il ne s’agira plus de résister… mais de gagner.
Libérer Aliou Bah n’est pas une faveur. C’est une obligation pour quiconque prétend encore au respect de la loi et à la justice. Et s’ils ne le font pas, alors c’est à nous de faire entendre nos voix. Dans les rues. Dans les réseaux. Dans les textes. Dans les consciences.
Car s’ils ont peur d’un homme, c’est bien que ce n’est pas un homme comme les autres.
Et si la peur a changé de camp, alors l’heure est venue.
Alpha Issagha Diallo
Militant des droits humains
Citoyen libre et debout