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Le caporal devenu général, et son griot en galons

Un jour viendra où l’on enseignera aux enfants de Guinée comment un simple caporal s’est autoproclamé général, puis président, puis guide moral, puis distributeur officiel de sermons anti-corruption… pendant que ses proches vidaient les coffres de l’État à la petite cuillère dorée.

Mais ce jour-là n’est pas encore arrivé. Aujourd’hui, il faut se contenter de supporter le show indigeste d’un pouvoir vêtu de kaki, transpirant la suffisance et le mensonge à chaque déclaration.

Dernier épisode en date : Amara Camara, général d’opérette, devenu porte-parole de la présidence, s’est illustré avec une déclaration d’une acrobatie verbale digne d’un festival du grotesque. “On sait où se trouve notre or”, a-t-il dit. “Une bonne partie est rentrée, l’autre on sait entre quelles mains elle est.” Fermez le rideau.

Et nous, peuple, devons l’applaudir ? Non. Nous avons encore assez de lucidité pour savoir que quand un voleur annonce qu’il cherche ce qu’il a lui-même caché, c’est qu’il n’a plus peur de personne.

Amara Camara, ce n’est pas un général. C’est un griot. Un conteur habillé en uniforme, envoyé pour endormir le peuple pendant que la junte s’enfonce dans la gabegie. Son rôle ? Mettre des mots doux sur des scandales durs. Mettre une cravate sur un pillage. Recouvrir le trou du coffre-fort par un discours de garnison.

Pendant ce temps, son chef, le général caporal Mamadi Doumbouya, promène son ego d’une caserne à une mosquée, distribue les menaces comme des décorations, et se rêve en restaurateur moral d’un pays qu’il affame à huis clos.

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Mais les Guinéens ne sont pas dupes.

Ils voient bien que ceux qui crient “intolérance face à la corruption” sont les mêmes qui tendent les deux mains pour attraper les marchés, les devises, et les kilos d’or fondus dans les douanes de l’impunité.

Ils voient bien que le pouvoir ne lutte pas contre les voleurs : il recrute les meilleurs, les nomme, les couvre, les recycle en diplomates ou en consultants patriotiques.

Ils voient que ce régime militaire n’a qu’un seul ennemi : la vérité.

Alors oui, qu’Amara Camara continue de déclamer ses fables à la télévision nationale. Qu’il joue au général de presse, pendant que son président de théâtre orchestre la plus vaste opération de vol institutionnel de notre histoire. Mais que chacun le sache : le mensonge ne gouverne que les silences. Et le peuple n’est plus silencieux.

Alpha Issagha Diallo

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