Respectez votre parole. Pour la paix, la stabilité et en hommage à nos compatriotes militaires tombés par votre coup d’État.
Monsieur le président du CNRD,
Je vous écris non en ennemi, mais en compatriote inquiet, lucide, et profondément attaché à la paix, à la dignité de notre nation, et à la mémoire de ceux qui sont tombés — civils ou militaires — dans le fracas de votre prise de pouvoir.
Je ne viens pas ici insulter, encore moins renier les espoirs que certains, comme moi, ont placés dans votre discours du 5 septembre. Ce jour-là, beaucoup ont voulu croire que vous étiez le mal nécessaire pour ouvrir une brèche dans l’impasse politique. J’ai voulu croire, moi aussi. Mais l’histoire, implacable, nous apprend que l’espoir ne suffit pas à transformer la trahison en vertu, ni la violence en fondation durable.
Vous avez renversé celui qui vous a promu. Vous avez parlé de refondation, de justice, d’unité nationale. Mais depuis ce jour, ce que nous observons, ce n’est pas une transition, c’est une confiscation. Ce ne sont pas des réformes, mais des simulacres de gouvernance, des promesses piétinées, une économie vidée de son souffle, et une justice transformée en outil de répression politique.

- Advertisement -
Nous sommes nombreux à ne plus pouvoir, en conscience, mettre notre intelligence, nos compétences ou notre silence au service d’un système qui tue, qui ment, qui détourne, et qui gouverne par l’intimidation au nom du peuple. Non, ce n’est pas un refus de construire. C’est un refus de participer à une mascarade.
Vous appelez à des contributions “constructives”. Soit. Mais à qui les adresser, quand le régime refuse le dialogue, exile les voix critiques, et kidnappe ceux qui osent penser autrement ? Quand la parole se paie en prison, la critique devient l’unique espace de liberté.
Monsieur le président du CNRD, le patriotisme que vous réclamez existe. Mais ce n’est pas celui de la soumission aveugle. C’est le patriotisme de la vérité, celui qui dit « stop » quand la dérive est manifeste. Ce patriotisme-là ne vend pas son silence pour une paix apparente. Il parle pour éviter le chaos, il éclaire pour éviter la chute.
Le rôle du guide, ce n’est pas de suivre l’aveugle au bord du précipice. C’est de crier, de prévenir, de rappeler que le chemin pris n’est pas le bon. Voilà ce que j’essaie de faire. Non contre vous, mais pour le peuple, pour la Guinée, pour la vérité.
En mémoire des militaires et civils morts pour cette « transition », en hommage à ceux dont le sang a été versé sans justice, je vous le dis solennellement :
Respectez votre parole. Rendez le pouvoir au peuple. Rétablissez la vérité, la justice, et l’honneur. Pour la paix. Pour l’avenir. Pour la dignité.
Avec espoir et détermination,
[Siba Beavogui Un fils de Guinée]