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Guinée – Chronique d’usurpation : Quand des apprentis sorciers se noient dans une mare de prétentions !

Et voilà qu’ils récidivent !

À chaque tournée, à chaque discours en uniforme amidonné, les apprentis sorciers de la République s’improvisent bâtisseurs de rêves, prophètes de vertu et guides spirituels d’une fonction publique qu’ils ont eux-mêmes méthodiquement vidée de son sens.

« Le général Doumbouya veut faire de la Guinée un pays prospère, uni, libre et développé », clame le ministre de la Défense nationale, Aboubacar Sidiki Camara, comme s’il récitait un passage d’un évangile militaire revisité.
Mais ce qu’il oublie de dire, c’est que la prospérité ne se décrète pas par décret militaire, que l’unité ne se construit pas avec des fusils, et que la liberté ne germe pas dans les casernes.

Gouverner n’est pas une manœuvre. Ce n’est pas marcher au pas.

Ce n’est ni une parade, ni une prise d’armes. Gouverner, c’est écouter, arbitrer, bâtir avec la société civile, avec les compétences, avec la justice. Pas avec des slogans et des simulations de République. Or, ces hommes qui ont pris le pouvoir par les armes se perdent aujourd’hui dans une mare de prétentions qu’ils ne savent ni assécher ni traverser.

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Comment oser affirmer vouloir former des fonctionnaires exemplaires dans des camps militaires, là où règne l’ordre vertical, la peur du grade, le silence imposé ?
Quelle ironie ! Ceux-là mêmes qui ont violé l’ordre constitutionnel veulent aujourd’hui enseigner les valeurs républicaines ? C’est comme si le loup donnait des leçons de vigilance au berger.

La refondation, dites-vous ?
Mais où sont les fondations ? Où sont les institutions fortes ? Où est le débat public libre ? Où est la justice impartiale ? Où est la transparence budgétaire ? À trop parler de refondation sans action concrète, le mot devient un camouflage, un slogan creux pour justifier l’usurpation.

Et pendant ce temps, le rêve d’un homme — non, pas d’un peuple — continue de se vendre comme projet national. Mais ce rêve-là, n’est qu’un mirage de plus, une illusion fabriquée dans les laboratoires de la militarisation rampante du pouvoir civil.

Le peuple de Guinée, lui, n’a pas besoin de fonctionnaires dressés au garde-à-vous. Il a besoin de fonctionnaires compétents, libres, et au service de la nation, pas d’un homme.

Alors, pendant que les généraux recyclés en ministres récitent leur catéchisme autoritaire dans les camps, le pays réel attend des écoles, des hôpitaux, de l’eau potable, de la justice sociale — pas des sermons militaires en uniforme repassé.

Siba Beavogui

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