« Nous devons assainir nos rangs… »
Pitoyable. Pathétique. Tragique. Voilà ce qu’il reste du discours du Président de la Haute Autorité de la Communication (HAC), M. Boubacar Yacine Diallo, ce lundi 19 mai 2025 à Conakry.
Le décor ? Une salle verrouillée par la peur, encadrée par une présence militaire anormalement dense. Caméras aux aguets, kalashnikovs en embuscade morale. Le contraste est glaçant : un forum pour “l’avenir de la presse”, organisé sous la garde des armes.
Et pendant que notre jeune frère Marouane demeure introuvable, Boubacar Yacine a choisi de pointer les journalistes, pas les bourreaux.
« La presse a été infiltrée », dit-il. Mais par qui, monsieur Diallo ?
Par ces voix qui dérangent ? Ces reporters de l’ombre, traqués pour avoir résisté ? Ou bien par vous-même, et ceux qui ont troqué la liberté contre la rente ?
Oui, la presse guinéenne a été infiltrée. Par les plumes devenues bavardes quand il s’agit d’encenser le pouvoir, mais muettes face à l’injustice.
Par ceux qui maquillent la censure en régulation, la répression en “assainissement”. Par les pantins à cravate qui assistent docilement à l’enterrement du quatrième pouvoir.
Vous voulez “exfiltrer les corrompus” ? Commencez par faire le ménage dans la salle.
Ceux qui ont infiltré la presse étaient là, ce jour-là, assis à vos côtés. Le visage serein, mais le regard complice. La salle du forum ressemblait plus à une investiture qu’à un débat. Une investiture déguisée. Celle d’un putsch contre la liberté d’informer.
Après le coup d’État du 5 septembre contre l’exécutif, celui contre le législatif, puis contre la justice, voici venu le putsch contre lejournalisme.
La boucle est bouclée. Bienvenue à la dictature.
Et vous, M. Diallo, vous avez tenu le micro comme on tient le glaive. Ce forum n’était pas un espace de dialogue, mais un bûcher cérémoniel.

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Une mise en scène solennelle de l’élimination du droit de savoir.
Lamine Guirassy, Boubacar Yacine, Aboubacar Camara, Tam…
Dieu vous regarde. L’histoire vous observe.
Vous avez trahi.
Vous avez remplacé le cri par le calcul, la plume par la connivence, l’éthique par le confort.
Et maintenant ? Nous relevons la tête.
L’avenir de la presse guinéenne ne se construira ni dans la peur, ni sous les bottes, ni dans l’ombre des traîtres.
Il se construira dans la résistance. La vraie. Celle qui refuse de plier, même sous la menace.
Je vous le dis : vous ne parlerez plus en notre nom.
Signé : Un journaliste debout.
Pour Marouane.
Pour la vérité.
Pour la mémoire