Radiographie d’une trahison et cerveau d’une complicité criminelle
Le 28 septembre 2009 n’est pas seulement la date d’un massacre. C’est le jour où les fils tissés d’une trahison militaire se sont resserrés autour du peuple, de Dadis Camara et de la vérité.
Il est un peu plus de huit heures du matin. Dans ma Chrysler bleue, je roule dans le quartier huppé de la Minière en direction du stade du 28 septembre. Mon téléphone sonne : au bout du fil, une ancienne ministre, amie personnelle, qui se trouvait la veille en forêt avec le général Sékouba Konaté. La voix est tremblante, pressante : « N’y allez pas. Ne mettez pas les pieds au stade. Il y aura un drame. »
Quelques minutes plus tard, Socrate, journaliste rattaché au bureau de presse de la présidence, m’appelle depuis le véhicule de l’ambassadeur d’Allemagne qui lui aussi se dirigeait vers le stade. Je les supplie d’annuler leur déplacement. Ils obéissent. Cet avertissement leur a sauvé la vie.

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Ce détail est capital : comment, la veille même, une proche collaboratrice du général Konaté pouvait-elle prédire l’horreur du lendemain ? La réponse est claire : Konaté savait. Il savait qu’un bain de sang allait se produire.
Sur le terrain, le rôle de Toumba est indiscutable : il est l’exécutant des atrocités. Mais derrière lui, dans l’ombre, se profilait un cerveau. Konaté avait un plan : protéger Toumba, éliminer Dadis et récupérer le pouvoir. L’assassinat programmé a échoué, mais l’exfiltration réussie a été sa garantie de silence. Pour que son nom n’apparaisse jamais dans la liste des criminels, il a pris sur lui de soustraire Toumba, ce témoin gênant, à la justice immédiate.
Ainsi se dessine la radiographie d’une trahison : un général qui se présente comme l’homme providentiel, alors qu’il a couvert, anticipé et instrumentalisé le massacre du 28 septembre. L’histoire retiendra que derrière Toumba, il y avait Konaté ; et que derrière le chaos, il y avait une ambition glaciale : prendre le pouvoir sur le sang du peuple.
Par le chasseur de vérité