Il y a des armées qui protègent. Il y a des armées qui honorent. Et puis, il y a celle que le clan a prise par les tripes pour la transformer en décor.
L’armée guinéenne n’a pas été dissoute : elle a été étouffée, lentement, méthodiquement, stratégiquement. D’abord, on l’a rendue muette. Puis, on l’a rendue inutile. Enfin, on l’a rendue complice par peur ou par fatigue.
Le plan était clair : affaiblir l’armée régulière pour régner sans contrepoids. On a commencé par écarter les têtes fortes, ceux qui avaient un passé, une loyauté, une voix. Puis on a suspendu, mis en retraite, affecté loin de la capitale. Enfin, on a installé la peur : arrestations arbitraires, humiliations publiques, assassinats déguisés.
Pendant ce temps, on nettoyait les Forces spéciales. Oui, cette unité d’élite a été purgée. Épuration silencieuse mais chirurgicale. On an mis dehors les éléments trop professionnels, trop neutres, trop méritants. On a gardé les “fidèles” : les cousins, les proches, les silencieux. Alya Camara. Michel Lamah. Pas choisis pour leur bravoure, mais pour leur obéissance aveugle.
Résultat : une garde prétorienne. Pas une force spéciale, une milice familiale.
Le Général Sadiba Koulibali ? Supprimé. Trop loyal à l’État, pas assez au trône. Le Colonel Célestin Bilivogui ? Torturé, enterré. Coupable d’intégrité.

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Leur seul tort : ne pas appartenir à la dynastie en treillis.
Aujourd’hui, l’armée guinéenne existe toujours. Mais comme un fantôme. Présente dans les cérémonies. Absente dans les décisions.
C’est le clan qui commande, nomme, révoque, frappe. Et dans cette comédie de pouvoir, le roi avance masqué, un roi sans mots, mais avec des blindés.
Heureusement, il reste les irréductibles.
Cellou Dalein Diallo. Sydia Touré. Aliou Bah. Foniké Menguè. Abdoul Sacko. Billo Bah. Habib Marouane Camara. Et cette foule qu’on ne peut pas dissoudre, qu’on ne peut pas bâillonner, car elle n’est pas faite de galons, mais de courage.
Le clan pense avoir vaincu. Mais une armée humiliée est une bombe à retardement. Et la République, même blessée, ne meurt jamais.
Parce que les jours passent, mais une étoile veille encore. Et dans son éclat brûle la mémoire des trahis, et la promesse de ceux qui se relèveront.
Par Alpha Issagha Diallo