Un fichier électoral taillé pour le légionnaire analphabète et un couplage d’élections suspect : le piège se referme
Une étoile veille encore
1. Un fichier sur mesure, une imposture sur fond de silence complice
Ils l’appellent fichier électoral. En réalité, c’est une liste pré-calibrée pour la victoire d’un régime sans légitimité. Loin d’un outil d’expression populaire, c’est un outil de confiscation, préparé dans l’ombre, sans concertation sérieuse, sans transparence.
Et pendant que la machine de la tricherie se met en place, le CNT garde un silence de cimetière, la Primature feint la neutralité, et le porte-parole du gouvernement récite, sans sourciller, des lignes écrites ailleurs. Ce sont les trois piliers d’une stratégie bien huilée : faire croire à un retour à l’ordre constitutionnel, tout en verrouillant toutes les issues démocratiques.
2. Le couplage des scrutins : la diversion stratégique
Présidentielle et législatives dans une seule urne ? Voilà la trouvaille du siècle pour semer la confusion et diluer la contestation. Derrière ce couplage se cache une vérité simple : ils veulent noyer la présidentielle dans un magma de bulletins pour mieux échapper au regard du peuple.
Un pays qui peine à organiser un seul scrutin dans les règles se découvre soudain capable d’en tenir deux en même temps ? Ce n’est pas une démonstration de force : c’est un plan de fuite. Une manœuvre pour légitimer l’illégitime. Et le CNT regarde. Et la Primature valide. Et le porte-parole explique… l’inexplicable.
3. Le citoyen méprisé, l’analphabète érigé en modèle
Dans ce système, l’ignorance est un atout pour le pouvoir. L’analphabétisme devient une aubaine : il rend plus faciles la manipulation, l’embrigadement, l’achat de conscience. On ne veut pas un électeur libre, on veut un légionnaire docile, brandissant son doigt encré sans savoir ce qu’il a voté.
C’est cela leur démocratie : un rituel sans conscience, une mascarade où le bulletin est une formalité et le résultat, une fatalité.
4. L’opposition ne doit pas entrer dans cette salle piégée
Le piège est tendu. Et l’enjeu est clair : l’opposition ne doit pas cautionner cette mascarade électorale. Entrer dans le processus sans garanties, c’est trahir le peuple. Accepter un calendrier bâclé, c’est valider l’arnaque. Participer à un couplage imposé, c’est jouer dans un théâtre dont on ne maîtrise ni le script, ni les lumières.
Tant que le fichier n’est pas audité, que les institutions sont sous contrôle militaire, que la justice est aux ordres, que les médias sont muselés, toute élection est un piège.
5. Le CNT, la Primature et la propagande du mutisme
Le CNT s’est voulu représentant du peuple. Il est devenu le scribe du régime. La Primature, jadis carrefour du dialogue, est aujourd’hui le centre de la résignation bureaucratique. Quant au porte-parole du gouvernement, il est devenu le haut-parleur d’un pouvoir sans voix ni vision, répétant les slogans d’une transition qui s’étire, s’essouffle, et s’effondre dans le ridicule.
Conclusion : le peuple ne dort pas. Il guette. Il grogne. Il veille.
Ils peuvent bourrer les urnes. Ils peuvent imprimer des fichiers. Mais ils n’imprimeront jamais la confiance. Ils ne bourreront jamais la conscience.
Et pendant que les légionnaires du silence s’agitent, Pendant que les institutions se figent, Une étoile veille encore.
Le peuple saura. Le peuple tranchera. Et nul ne pourra dire qu’il n’a pas vu venir la vague.

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6. Gouverneurs, préfets, sous-préfets : les bras exécutants de la mascarade
Dans cette orchestration nationale de la manipulation, il ne faut pas oublier les exécutants de terrain. Les gouverneurs, préfets et sous-préfets — tous militaires ou alignés — ne sont plus les représentants de l’État neutre, mais les courroies de transmission d’un pouvoir décidé à tout verrouiller. Leur rôle est clair : intimider, contrôler, orienter, fausser.
Ils ne préparent pas une élection, ils organisent une reddition du suffrage.
Le ministère de l’Administration du Territoire n’est plus un ministère. C’est devenu une caserne déguisée en autorité civile. Il supervise une logistique électorale sans indépendance, sans transparence, sans légitimité.
Quant à la Banque Centrale, elle est silencieuse sur les flux opaques. Mais tout le monde sait qu’elle abrite les poches profondes des grandes manipulations : financements occultes, mobilisations fantômes, campagnes déguisées. L’argent du peuple circule pour acheter son propre silence.
7. L’armée : l’ombre permanente sur le processus
Dans toute cette mécanique électorale tordue, l’armée reste présente. Pas en uniforme devant les bureaux de vote, mais dans l’architecture même de la transition. Elle est l’actrice silencieuse, mais omnipotente. Celle qui valide dans l’ombre, qui impose dans les coulisses et qui neutralise toute contestation.
L’armée guinéenne, censée protéger le peuple, est aujourd’hui instrumentalisée pour garantir la longévité d’un pouvoir issu des casernes.
Son silence apparent est une pression. Son absence est un message. Et son rôle est celui d’un garant… non pas de la paix, mais de la confiscation.
8. Une justice au garde-à-vous
La justice, censée être l’ultime rempart, est devenue la première tranchée. Elle ne protège plus les droits : elle valide les abus.
Chaque fois qu’un média est fermé, c’est la justice qui avalise. Chaque fois qu’un opposant est traqué, c’est elle qui légalise. Les juges d’instruction sont devenus des agents de dissuasion. Les procureurs, des propagandistes disciplinés.
Au lieu de juger selon le droit, ils jugent selon l’agenda. Et dans cette mécanique infernale, la loi devient une arme contre le peuple.
9. La HAC : Hautement Alignée sur le Commandement
Autrefois sentinelle de la liberté d’expression, la HAC est devenue l’un des bras les plus dociles du régime. Elle n’est plus l’arbitre impartial de l’espace médiatique, mais le filtre officiel de la pensée unique.
Radios suspendues, télévisions fermées, journalistes harcelés : tout passe désormais par la bénédiction silencieuse ou le zèle punitif de la HAC.
Son indépendance ? Dissoute. Sa mission ? Détournée. Sa légitimité ? Discutable.
Aujourd’hui, elle ne protège plus la presse, elle la surveille. Elle ne régule plus l’information, elle la restreint. Et chaque communiqué qu’elle publie est une preuve de plus que la liberté d’informer est devenue un délit sous ce régime.
Par Alpha Issagha Diallo