Alors que le ministère de la Justice convoque une réunion pour discuter des modalités de paiement aux victimes du massacre du 28 septembre 2009, des voix s’élèvent pour dénoncer une tentative de solder le crime au lieu de le juger avec rigueur.
Le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme a publié, le 2 mai 2025, un communiqué annonçant une réunion technique prévue le 9 mai à la Chancellerie. Objectif : définir les modalités d’indemnisation des victimes du massacre du 28 septembre 2009, conformément au décret présidentiel du 26 mars 2025.
Une annonce qui suscite l’inquiétude et la colère parmi plusieurs défenseurs des droits humains, des victimes et des analystes judiciaires. Pour beaucoup, cette initiative risque de transformer la quête de justice en simple opération comptable, avec la tentation d’acheter le silence ou la résignation.
« Un mort n’a pas besoin d’argent. Il a besoin de justice pour reposer en paix. »
Cette phrase, devenue virale sur les réseaux sociaux, résume le sentiment de ceux qui refusent de voir la mémoire des victimes souillée par des procédures opaques.

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Le massacre du 28 septembre 2009, rappelons-le, a coûté la vie à plus de 150 manifestants pacifiques dans le stade du même nom, tandis que des centaines d’autres ont été blessés ou violés. Une plaie ouverte dans la conscience collective guinéenne que seul un jugement équitable, transparent et public pourra panser.
Certains dénoncent une tentative du régime actuel d’instrumentaliser le processus judiciaire à des fins politiques, en cherchant à neutraliser les familles et leurs avocats par une politique de compensation financière. Or, selon les principes de justice internationale, l’indemnisation n’est qu’un volet de la réparation, et ne peut jamais se substituer à la vérité ni au jugement des coupables.
Plus encore, l’absence de communication transparente autour des montants, critères de sélection et sources de financement interroge sur les intentions véritables du gouvernement.
En réponse, des acteurs de la société civile appellent à la retenue des familles des victimes, à la vigilance des avocats, et à la suspension de toute discussion sur l’indemnisation avant la fin complète du procès. Ils rappellent que la Guinée a déjà trop souffert de compromissions judiciaires et que toute tentative de solder l’histoire par un chèque serait un affront à la mémoire nationale.
La justice n’a pas de prix. Et si la République veut panser ses blessures, elle doit d’abord les reconnaître, les nommer, et les juger à visage découvert. Tout le reste n’est que diversion.
Siba Beavogui