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Quand il faut des armes pour inaugurer un pont, c’est que la vérité est fragile et qu’on gouverne par la peur.

Tanènè, banlieue de Conakry. Une chaleur moite, un ciel alourdi… et un étrange ballet de treillis et de bottes.

Ce 27 avril 2025, la Guinée n’a pas assisté à une fête populaire. Elle a assisté à une démonstration de force. Un théâtre de propagande militaire camouflé en inauguration.

Le pont d’arnaque, prétendu chef-d’œuvre du développement a été livré en grande pompe sous la surveillance étouffante d’un dispositif militaire hors normes, forces spéciales postées lourdement armées, véhicules blindés alignés comme pour un défilé de guerre, barrages filtrants verrouillant tout accès libre au périmètre, scène gardée par des soldats nerveux, prêts à disperser tout frémissement de colère populaire.

Objectif ? Non pas protéger le peuple, mais imposer la discipline par la crainte, dans une cérémonie qui trahissait l’angoisse d’un pouvoir illégitime, apeuré par ses propres fantômes.

Un triomphe personnel construit sur la ruine nationale. Derrière les tapis rouges et les sourires forcés, une réalité brutale étouffe sous le vernis officiel :

• Le pont a été financé par le Fonds de Garantie du budget national,

• Les retours sur investissement, attendus pour relancer l’économie, ont été discrètement détournés,

• Les revenus seront siphonnés au profit d’intérêts privés liés à Mamadi Doumbouya,

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• La propriété de l’ouvrage est enveloppée dans une nébuleuse de sociétés écrans.

Ce pont n’a pas été bâti pour désenclaver des régions isolées.Il a été bâti pour ériger un monument à la cupidité d’un homme, transformant l’argent du peuple en pierre tombale pour ses espoirs.

Une supercherie scénarisée jusqu’à la nausée. Tout dans cette inauguration sentait la mise en scène obsessionnelle, caméras braquées sur l’arrivée théâtrale de Doumbouya comme une star de cinéma, applaudissements télécommandés, orchestrés par des cadres administratifs sous pression, symboles nationaux détournés, pour maquiller la privatisation en victoire populaire.

La cible ? Sacraliser l’image du “bâtisseur-président”, et ensevelir la vérité sous des montagnes de mensonges enrubannés de drapeaux.

Un pont de pillage, pas de prospérité. Le “pont de la prospérité” annoncé n’est qu’une façade, une passerelle dorée vers le pillage légalisé.

On ne célèbre pas un triomphe collectif. On met en scène la réussite personnelle d’un dictateur qui transforme l’État en machine à enrichir ses clans.

Conclusion : “Un pont bâti sur l’argent du peuple, inauguré par des armes, pour la gloire d’un seul homme. Voilà la vérité nue derrière les trompettes de l’imposture.”

Tôt ou tard, les ponts bâtis sur l’injustice s’effondrent sous le poids de la mémoire des peuples.

Par Siba Beavogui, compte rendu exclusif.

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