“Quand on ne peut pas nourrir sa maison, on ne distribue pas du riz aux voisins.”
Bah Oury veut nourrir le Sénégal et le Mali pendant que la Guinée jeûne sous les moustiques
Il y a des jours où on se dit que la politique, en Guinée, n’est plus un art… c’est un sketch. Et Bah Oury, avec sa dernière interview, nous en a offert un chef-d’œuvre : la Guinée, selon lui, serait prête à contribuer au développement économique du Sénégal et du Mali.
Oui, vous avez bien lu.
Un Premier ministre qui n’arrive même pas à électrifier Kaloum sans coupures, qui n’a pas de politique agricole pour nourrir les enfants de Télimélé, qui dort dans un pays classé parmi les plus pauvres et corrompus au monde, vient nous expliquer que la Guinée va désormais nourrir ses voisins.
C’est comme si un homme incapable de payer le riz chez lui se pointait au marché pour distribuer du champagne.
C’est noble. C’est poétique. C’est surtout irresponsable et indécent.
Le corridor de l’illusion
On nous parle d’un “corridor sud”, d’un “axe stratégique”, d’un “transguinéen miraculeux” comme si on lançait une startup depuis un bunker. Mais pendant ce temps, les routes de l’intérieur du pays sont dignes de scènes post-apocalyptiques, les rails sont un souvenir colonial, et le port minéralier de Moribaya n’est encore qu’une promesse PowerPoint sponsorisée par l’opacité budgétaire.
Bah Oury vend un avenir qu’il ne maîtrise pas, avec des infrastructures fantasmées sur des fonds qu’il ne contrôle pas, pour un peuple qui, lui, vit un présent insupportable.
La Guinée appartient à l’Afrique ? Ou à ses bourreaux ?
Lui-même le dit : “La Guinée appartient d’abord à l’Afrique avant de s’appartenir à elle-même.” Traduction : on livre le pays aux intérêts extérieurs avant de le rendre au peuple.
Bah Oury ne veut pas libérer la Guinée. Il veut la brader dans un emballage panafricaniste en carton pour justifier l’indigence de la gouvernance locale.

- Advertisement -
Quand la maison brûle, on ne va pas arroser le jardin du voisin
La Guinée traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire :
• Aucune justice pour les victimes de la junte
• Des institutions fantômes et une Constitution suspendue
• Des dizaines de milliards évaporés sans contrôle
• Des exilés politiques traités comme ennemis du peuple
Mais pour Bah Oury, la priorité, c’est d’aider le Mali, le Sénégal et pourquoi pas… le Bangladesh, pendant qu’on y est !
Un mot pour finir ?
Quand on ne peut pas nourrir sa maison, on évite de distribuer des plats aux voisins.
Et quand on est Premier ministre d’un pays affamé, on commence par la vérité. Pas par un grand discours en mode “Afrique solidaire pendant que la Guinée s’effondre”.
Monsieur Bah Oury, la Guinée n’a pas besoin d’un poète du corridor.
Elle a besoin d’un chirurgien de l’État.
Et vous, à ce rythme, vous êtes plus proche du décorateur de façade.
Siba Beavogui