Il faut oser le dire sans détours : la culture guinéenne traverse une crise grave. Et ce ne sont pas les artistes de la nouvelle génération, dont certains brillent davantage par leur vacuité que par leur talent, qui redoreront le blason d’un secteur en déclin. La récente dédicace de Cam’s Mélodie en est l’illustration pathétique.
Chaque semaine, les réseaux sociaux guinéens sont inondés de scandales, de clashs et de règlements de comptes sentimentaux déguisés en performances artistiques. Au lieu de porter un message d’élévation, de sagesse ou d’unité, nombre de morceaux ne sont qu’un ramassis d’injures, de vulgarité gratuite et d’exhibitions égocentriques. La décence a quitté la scène.
Le comble a été atteint lorsque Cam’s Mélodie, dans un élan d’immaturité et de manque de respect, a publiquement insulté son ex-femme, mère de son enfant. Un acte d’une bassesse inqualifiable, indigne d’un artiste censé inspirer ou rassembler.

Qu’on le comprenne bien : personne ne s’oppose à ce qu’il affiche son amour pour une nouvelle compagne. Mais cela ne justifie en rien les propos humiliants et misogynes tenus envers une femme qui a partagé sa vie, porté son enfant, et continue, sans doute, à assumer ses responsabilités de mère.

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En Guinée, l’artiste est censé être un guide, un miroir de la société, un vecteur de transformation. Mais quand l’artiste devient un vecteur de violence verbale, un promoteur de haine et un adepte de la provocation pour faire le buzz, il devient une honte pour son pays et un danger pour les jeunes qui l’écoutent.

Cam’s Mélodie, en agissant ainsi, ne fait pas seulement du tort à son ex-compagne. Il insulte toutes les femmes, tous les enfants qui entendent ces paroles, et tous les mélomanes guinéens qui espéraient voir émerger une culture digne et ambitieuse.
Il est temps de responsabiliser nos artistes. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Car une culture qui glorifie l’ignorance, la vulgarité et la violence, n’est plus une culture. C’est un spectacle triste, joué par des adultes restés enfants.
Par Azözöye Bangoura