Dans une histoire marquée par l’adversité et le courage, Tenin Touré, une ressortissante guinéenne, native de Beyla, au sud de la Guinée, relate son périple tragique en Égypte, où elle a échappé de justesse à une mort certaine après avoir passé plus d’un mois en prison. Son récit bouleversant révèle les cruautés endurées par de nombreuses migrantes dans ce pays du Moyen-Orient.
Partie en Égypte en 2015 à l’invitation de sa sœur, mariée là-bas, Tenin Touré pensait y trouver une opportunité économique. Cependant, la réalité s’est rapidement transformée en cauchemar. « Je suis victime depuis le 25 janvier 2024 », commence-t-elle, décrivant son arrestation par la police égyptienne. Faute de papiers en règle, elle est jetée en prison, où elle a dû affronter des conditions inhumaines.
« J’ai été arrêtée par la police. On m’a demandé mes pièces d’identité et ma carte de séjour. Comme nous n’avions pas les papiers en règle à ce moment-là, étant en cours de traitement administratif, un jour alors que je me rendais au marché, j’ai été appréhendée puis conduite en prison. Lorsqu’on m’a demandé mes pièces d’identité, j’ai répondu que je ne les avais pas. Ainsi, on m’a conduite au commissariat de Dar-es-Salam. Dès mon arrestation, j’ai informé tout le monde : l’ambassade, la communauté et mes parents.
En prison, j’ai été choquée par ce que j’y ai trouvé. J’y ai rencontré des migrantes guinéennes et d’autres nationalités. Ce qui est particulièrement déplorable, c’est qu’on nous a fait entrer dans des cellules où étaient détenus des criminels. Dès mon arrivée en prison, des femmes arabes ont commencé à me frapper. Heureusement, dès que j’ai commencé à parler arabe, elles ont eu pitié de moi. On nous rationnait même notre nourriture. Malgré cela, les autorités de notre ambassade n’ont pas été d’un grand secours. Elles interviennent souvent trop tard, parfois après le décès de certaines migrantes. En prison, j’ai subi des mauvais traitements, j’ai dû me battre, et c’est grâce à ma connaissance de l’arabe et de l’anglais que j’ai pu survivre, sinon j’aurais pu mourir », confie-t-elle.
Tenin dénonce également les conditions de travail abusives auxquelles sont soumises de nombreuses migrantes, principalement dans le secteur des tâches domestiques, souvent non rémunérées comme promis. « C’est à partir de 700 000 livres (environ 150 dollars) », précise-t-elle, soulignant l’exploitation financière et physique subie par les migrantes guinéennes en Égypte.
De retour en Guinée, Tenin Touré s’est engagée activement pour soutenir ses compatriotes restées derrière les barreaux en Égypte. Avec ses amies, elle fonde l’Association des Victimes d’Égypte, une initiative visant à sensibiliser et à obtenir le rapatriement des prisonnières guinéennes.
« Après mon retour en Guinée, mes amies et moi avons fondé une association appelée l’Association des Victimes d’Égypte pour militer en faveur du rapatriement de nos compatriotes emprisonnés. Le président Mamadi Doumbouya est au courant de la situation. Si ce n’est pas le cas, nous l’informons, car nous avons déjà rencontré le ministère des Affaires étrangères qui a promis de nous soutenir dans notre lutte », indique-t-elle, soulignant leur volonté de mobiliser le soutien international à cette cause humanitaire.
À travers son témoignage, Tenin Touré ne cherche pas seulement à partager son histoire personnelle, mais aussi à attirer l’attention sur les injustices subies par les migrantes en Égypte et à promouvoir des mesures concrètes pour leur protection et leur soutien. Son récit, marqué par la résilience et la détermination, rappelle la nécessité d’une action urgente pour mettre fin à ces abus et garantir les droits fondamentaux de toutes les migrantes.
En conclusion, notre interlocutrice invite les autorités de la transition à faciliter le rapatriement des nombreux guinéens emprisonnés en Égypte.
Avenirguinee.org