« Lors de la Conférence historique tenue en 1994, les gouvernements ont défini un programme audacieux plaçant la dignité et les droits des personnes au cœur du développement durable », a affirmé le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Dennis Francis, lors d’une réunion marquant cet anniversaire.
Selon lui, l’adoption du Programme d’action de la CIPD au Caire a marqué une nouvelle ère d’engagement – de la part des gouvernements et de la communauté mondiale dans son ensemble, ainsi que d’autres parties prenantes, notamment la société civile et les dirigeants de la jeunesse – pour intégrer les préoccupations démographiques dans toutes les sphères de l’activité socio-économique et environnementale.
Le Président de l’Assemblée générale a noté que « la vision inspirante du programme a ancré les questions cruciales de la population, de la pauvreté, de l’environnement, de la consommation et de la production dans le débat plus large sur la durabilité – reconnaissant la nature interdépendante des défis auxquels nous sommes confrontés ».
Avancées significatives
Trente ans après son adoption, on peut constater des avancées significatives et des progrès louables dans la mise en œuvre du Programme – notamment dans les domaines de la réduction de la pauvreté, de l’espérance de vie et de la sécurité alimentaire, a-t-il dit.
Les décès maternels ont diminué, tandis que l’accès à l’enseignement primaire s’est élargi, tant pour les filles que pour les garçons, mais les progrès ont été inégaux – tant au sein des pays qu’entre eux.
« Des crises mondiales aux multiples facettes – du changement climatique aux conflits – ont mis en péril bon nombre de ces acquis durement acquis », a observé M. Francis.
Pour lui, les objectifs visionnaires du Programme n’ont fait que gagner en importance. « L’accès universel à une éducation de qualité, l’égalité des sexes et la réduction de la mortalité maternelle et infantile sont autant d’éléments essentiels au succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à la réalisation de sa promesse centrale de ne laisser personne de côté », a-t-il dit. « Cela n’est peut-être nulle part plus visible que dans l’accent indéfectible du programme sur la réduction de la pauvreté, l’amélioration de l’accès à une éducation de qualité – et, surtout – la reconnaissance de l’autonomisation des femmes et des filles comme une condition préalable à la paix, à la prospérité et au bien-être de tous ».
Remédier aux lacunes
Pour remédier aux lacunes, le Président de l’Assemblée générale a estimé qu’il fallait commencer par reconnaître que les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable « continueront sûrement de stagner – à moins que nous ne fassions plus, beaucoup plus, pour combler l’écart entre les sexes et réduire la pauvreté et les inégalités socio-économiques, partout dans le monde ».
« Nous devons certainement faire beaucoup plus pour reconnaître que l’autonomisation des femmes, des filles, des enfants et des autres personnes en situation de vulnérabilité est essentielle pour des sociétés pacifiques, prospères et durables – et nous devons activement faire beaucoup plus pour les soutenir et les aider à réaliser pleinement leur potentiel », a-t-il dit.
Il a appelé à prendre des mesures audacieuses dans le contexte des négociations en cours pour le Sommet du Futur en septembre 2024 et des préparatifs du Sommet social mondial en 2025.
Accélérer l’action en faveur des ODD
De son côté, à l’ouverture de la 57e session de la Commission sur la population et le développement lundi au siège de l’ONU, à New York, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a appelé à saisir l’occasion du 30e anniversaire de l’adoption du Programme d’action de la Conférence du Caire pour accélérer l’action en faveur des Objectifs de développement durable (ODD) et anticiper la définition des priorités pour les 30 prochaines années.
Alors que la planète compte aujourd’hui plus de 8,1 milliards d’habitants, « nous devons nous préparer à une croissance démographique continue en Afrique subsaharienne – et à une croissance lente ou à un déclin dans une grande partie de l’Asie, de l’Europe et de l’Amérique du Nord, et plus tard, en Amérique latine et dans les Caraïbes », a souligné Mme Mohammed.
Si de grands progrès ont été réalisés en 30 ans en matière de mortalité maternelle et infantile, elle a observé que de nombreux pays ne parviennent toujours pas à atteindre les objectifs en matière d’espérance de vie, et que de nombreux pays en développement sont confrontés à des défis importants pour atteindre la cible des ODD en matière de mortalité infantile.
A l’avenir, elle a estimé qu’il fallait « rester vigilants et continuer à faire face aux situations dans lesquelles la santé et les droits sexuels et reproductifs sont remis en question » et qu’il fallait « réagir lorsque les droits des femmes sont érodés et lorsque les migrants et autres populations vulnérables sont maltraités ».
Elle a appelé à « continuer à défendre la dignité de tous, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte » et à « soutenir les approches fondées sur les droits dans nos politiques de population et de développement ».
A l’approche du 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin en 2025, elle a jugé nécessaire d’accélérer les progrès vers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans toutes les sphères de la vie.