Qui est arrivé par le complot….(L’édito)
Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais, ou ne me dérangez pas à ma place qui était la vôtre avant…
C’est à tout cela que fait penser l’appel pathétique du tout nouveau Premier ministre aux services de renseignements du pays qui, soit dit en passant, ne sont pas à sa disposition ni à sa dévotion, n’ont pas attendu qu’il soit là pour prendre conscience de leurs responsabilités, n’ont pas besoin de ses ” injonctions” à la cantonnade pour se mettre à la tâche.
C’est clair que Bah Oury a le don de divertir l’opinion qui a perdu le peu de confiance qu’elle lui portait. Il est engagé à bluffer le CNRD par un zèle excessif et trompeur pour chasser tous les doutes qu’il nourrit depuis son entrée en fonction. Bref, quand on ne sait pas où commencer ni quoi faire lorsqu’on a un costume plus grand que soi, on s’en mêle les pinceaux.
Qui embrasse trop, mal étreint, dit-on aussi.
Les premiers pas, de l’homme repêché par le CNRD, au soir de sa vie et de sa carrière, très compliquées pour les besoins de sa cause, montrent que les hautes fonctions dans l’Etat sont convoitées par des élites vaniteuses qui le plus souvent n’en sont pas dignes, n’y sont pas du tout préparées, le moins du monde. Une autre histoire !
En attendant, c’est vraiment l’hôpital qui se moque de la charité.
Le Premier ministre qui avance, pince sans rire, qu’il y aurait des intérêts qui ne voudraient pas que la Guinée se relève. D’autres intérêts avaient, auparavant, fait tomber le pays en renversant ses dirigeants légaux et légitimes, en foulant aux pieds toutes ses institutions.
Qu’on le justifie comme l’on veut, qu’on l’explique par ce que l’on veut, ce n’est plus ni moins qu’un coup d’Etat, c’est-à-dire, un acte de subversion politique et de déstabilisation du pays, anti-democratique et républicain. Et, en tant que tel ne peut être encouragé ni cautionné. Le complot appelle le complot.
Bah Oury, lui-même, qui crie au loup a été impliqué dans une tentative d’assainat du président déchu, le professeur Alpha Condé, avant qu’il ne se jette à ses pieds. Il a été soupconné aussi à de maintes reprises de manœuvres séditieuses. Aurait-il donc peur du retour de bâton ou du karma de vieux pêchés qui ne sont pas encore expiés ?
En tout cas, aussi longtemps qu’on remonte dans le temps, autant qu’on s’en souvienne dans l’histoire, les régimes meurent comme ils naissent, les hommes partent comme ils sont venus.
Qui le sait comme Bah Oury a des raisons de s’inquiéter pour son sort personnel et l’avenir du régime qu’il vient d’intégrer et défend, bec et oncle, au nom de la real politique et de ses intérêts immédiats.
L’idéal fait connaître et aimer mais ne nourrit pas son homme. De la posture à l’imposture, il n’y a qu’un pas que beaucoup ont franchi pendant la transition en cours dans une Guinée de tous les revirements, de tous les reniements. Le temps retient, le peuple n’oublie pas.
Bon dimanche à tous, malgré toutes les angoisses du moment. Dieu est bon !
Sory Condé, sociologue.