Après plusieurs heures de coupure de courant, la société Electricité de Guinée (EDG) a rétabli son service au groupe Djoma Médias – appartenant à Kabinet Sylla “Bill Gates”, ancien intendant général de la présidence guinéenne et actuellement poursuivi par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) pour des faits présumés de “détournements de deniers publics, faux et usage de faux en écriture, vol en bande organisée, recel de fonds publics, enrichissement illicite, concussions, abus d’autorité, blanchiment de capitaux et complicité.”
Le fournisseur d’électricité justifiait sa décision à l’encontre du groupe médiatique par le non paiement de ses factures de consommation. La société guinéenne de l’électricité réclame au total 44 millions de francs guinéens (environ 5 000 $) au groupe de presse.
Alors, le groupe Djoma Médias doit-il toute cette somme à la guinéenne de l’électricité ? Si oui, comment cela est-il arrivé ? Pour avoir une réponse à ces interrogations, la rédaction de GuineeCheck a contacté le directeur général du groupe de presse et l’entreprise EDG.
Ce vendredi 26 avril, Kalil Oularé, directeur général de Djoma Médias a confirmé l’information qui circulait depuis jeudi soir.
D’après l’ancien responsable des ressources humaines du groupe Hadafo Médias, les locaux de l’entreprise ont été, pendant plusieurs heures, déconnectés du réseau électrique d’EDG.
Selon lui, “le motif est simple : on nous a coupé le courant électrique parce qu’on n’a pas payé la facture qu’on doit en totalité. Je dis la totalité parce que nous réalisons des paiements partiellement. On a déjà payé plus que la moitié et on continue à payer”.
Depuis plus d’une année, les différents comptes bancaires du groupe de média sont gelés. Cela fait suite aux procédures judiciaires enclenchées par la CRIEF. L’audience du groupe est aussi restreinte par la décision de la Haute autorité de la communication (HAC) demandant le retrait de la radio et de la télévision du bouquet de Canal Plus. Tout cela plonge l’entreprise dans une crise financière, selon son patron. “Ils ont dit soit on paie tout ou ils coupent. Et vu que nous, on n’a pas les moyens de tout payer en une tranche, ils ont coupé”, a précisé Kalil Oularé.
Le montant total que Djoma Médias doit à EDG est de 44 millions GNF
À date, l’entreprise de presse de l’ancien intendant général de la Présidence sous le régime d’Alpha Condé, doit à EDG 44 millions GNF. Mais, selon Kalil Oularé, ce montant n’est pas exigible avant le 3 mai prochain. “La facture exigible à date était de 38 millions. Nous avons déjà payé 20 millions. Ils ont renvoyé une nouvelle facture mardi de 28 millions, qui sera exigible à partir du 3 mai prochain. Donc, normalement, ça ne doit pas entrer en compte dans le calcul de l’échéance non réglée. Donc, ils ont mis un total de 44 millions à payer. Que si on ne paye pas les 44 millions, ils vont couper. Et ils ont coupé”, a-t-il précisé.
Alors que le groupe Djoma Médias n’avait plus d’électricité, son premier responsable avait promis de se battre pour continuer à fonctionner. “Nous allons nous battre pour continuer à fonctionner”, s’est engagé Kalil Oularé qui y voit une manœuvre qui s’inscrit dans la longue manœuvre visant à faire taire les médias du groupe.
Un compromis trouvé entre deux parties, l’électricité rétablie…
Pendant la journée de ce vendredi, EDG et son client Djoma Médias ont conclu un accord. Le groupe de presse a bénéficié d’un moratoire pour le montant et la guinéenne de l’électricité a rétabli la ligne. “Il y a eu un moratoire qui a été trouvé. C’est ce qu’on leur avait proposé la veille. Ils n’avaient pas voulu le faire. Maintenant, eux, ils ont rétabli l’électricité et nous on va continuer à payer comme on est en train de payer depuis longtemps. On n’a pas d’arriérés, on n’a pas de facture derrière. Ça, c’est du gèle”, a persisté Kalil Oularé vendredi après-midi lors d’un entretien téléphonique avec GuineeCheck.
Nous avons essayé de contacter Electricité de Guinée (EDG) pour avoir la version de l’entreprise, mais son responsable de la communication ne répond pas à nos appels. Nous mettrons à jour cet article dès que nous obtiendrons une réponse à notre sollicitation.
Cet article a été rédigé par Mamadou Barry dans le cadre du projet d’Éducation aux Médias, à l’Information et au Numérique Plus (EMIN+) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par le Directeur de la Publication, Sally Bilaly Sow.