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Alerte – Carrière-Conakry : La campagne de militarisation activée

Quand les forces de l’ordre créent le désordre

Conakry, quartier Carrière – Dans cette zone habituellement paisible, à la frontière des communes de Matam, Matoto et Ratoma, la nuit du vendredi à samedi a été marquée par une violence d’une rare intensité. Ce quartier jusque-là neutre, souvent présenté comme un espace de coexistence tranquille, a été soudainement plongé dans le chaos.

Le bilan matériel est lourd, et les témoins décrivent une scène digne d’un scénario orchestré : incendies de maisons, pillages de boutiques et affrontements d’une brutalité inhabituelle.

Un quartier sans tradition de violence

Historiquement, Carrière n’a jamais été un foyer de contestation ni le théâtre d’affrontements intercommunautaires. Au contraire, ses jeunes sont souvent ceux qui empêchent la propagation des manifestations de Bambeto vers l’autoroute.

Voir aujourd’hui ce quartier s’enflammer soulève donc de nombreuses interrogations. D’après plusieurs témoignages recueillis sur place, des groupes de jeunes du même quartier auraient été à l’origine de la bagarre prétendument à cause d’un désaccord sur la gestion du dépôt d’ordures.

Mais comment un différend aussi localisé pourrait-il dégénérer en destruction totale d’un quartier entier ? La question reste ouverte.

Des zones d’ombre inquiétantes

Des témoins évoquent la présence de militaires dans le secteur avant et pendant les affrontements. D’autres s’interrogent sur l’inaction du commissariat de gendarmerie de Kénien, pourtant situé à quelques pâtés de maisons du lieu des violences.

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Tout porte à croire qu’il s’agirait d’un scénario de provocation planifié, visant à créer la peur et justifier une campagne de militarisation progressive des quartiers populaires de Conakry.

Certains observateurs y voient une stratégie de chaos contrôlé : provoquer la désorganisation sociale pour encadrer plus fermement la population, à l’image des précédents incidents notamment l’explosion du dépôt pétrolier de Coronthie.

Une instrumentalisation de la peur

Depuis plusieurs mois, la Guinée semble s’enliser dans une logique de gestion sécuritaire de la vie publique. La violence n’est plus un accident : elle devient un outil de gouvernance.
Les forces de l’ordre censées protéger la population sont de plus en plus accusées d’entretenir le désordre, notamment dans les quartiers à forte densité sociale.
« Carrière n’est pas un quartier qui brûle les maisons », affirme un habitant interrogé. « Ceux qui sèment le désordre viennent d’ailleurs. »

Appel à la responsabilité et à la vigilance

La presse, dans ce contexte, a un rôle déterminant. Elle doit éviter la précipitation, recouper les témoignages et déjouer les schémas de manipulation. Car diffuser trop vite une version incomplète ou biaisée revient à offrir un prétexte à ceux qui veulent restreindre les libertés sous couvert d’ordre public.

L’heure est à la vigilance citoyenne : identifier les intrus, observer les mouvements inhabituels, et comprendre que la militarisation en cours n’est pas une rumeur, mais un plan progressif qui prospère dans la confusion.

Ce qui se joue à Carrière dépasse un simple fait divers. C’est un signal d’alarme sur la stratégie du chaos, où ceux qui prétendent instaurer l’ordre deviennent les premiers artisans du désordre.

Par Siba Beavogui 

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