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AN 67 – De l’indépendance économique à la dépendance contractuelle

Après la victoire judiciaire , place à la défaite économique : Simandou enfin esclavagesé .

Le bastion guinéen cède la place au cartel sino-occidental. Malheureusement, la Guinée perd ses clés : Rio et Baowu verrouillent Simandou. Ce qui devait être la plus grande conquête économique de la Guinée se transforme en une nouvelle dépendance. Le projet Simandou, symbole de l’indépendance économique chèrement arrachée par le président Alpha Condé au prix d’un procès historique contre BSGR, est aujourd’hui repris en main par les géants étrangers Rio Tinto et Baowu.

Le procès Bernit – qui avait coûté plusieurs millions de dollars au contribuable guinéen – devait libérer Simandou de l’esclavage contractuel. Mais l’architecture actuelle du projet efface cet acquis et consacre une tutelle sino-occidentale.

Où étaient Baowu et ses frères chinois lorsque le franco-israélien Beny Steinmetz colonisait Simandou ? Ironie du destin : alors que le peuple guinéen a supporté seul le poids du combat judiciaire, les nouveaux maîtres se sont invités à la table, raflant la mise. Ce qui devait être une puissance guinéenne devient une puissance étrangère. Pathétique.

L’héritage d’Alpha Condé est à présent effacé par l’alliance Rio–Baowu. Après le procès BSGR, censé libérer Simandou, voilà que Rio revient au centre du jeu, accompagné d’une mainmise chinoise qui n’avait pourtant joué aucun rôle décisif dans cette victoire judiciaire.

Les chiffres comme révélateurs d’un basculement

Les montants parlent d’eux-mêmes :
• 6 milliards USD d’investissements globaux annoncés par Baowu.
• 1,5 milliard USD injectés dans les blocs 3 et 4 aux côtés de Rio Tinto et Chinalco.
• Le reste (≈4,5 milliards USD) consacré aux blocs 1 et 2 via le Winning Consortium Simandou (WCS), désormais piloté de facto par Baowu.

Dans les anciens accords, les blocs 1 et 2 appartenaient exclusivement à Winning (UMS – Fadi Wazni, Shandong Weiqiao, Yantai Port). Mais avec l’arrivée de Baowu, le rapport de force a basculé : le poids capitalistique et le savoir-faire industriel de Pékin ont marginalisé les partenaires initiaux.

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En clair, les chiffres révèlent une restructuration silencieuse qui efface les bases contractuelles héritées de l’ère Alpha Condé.

Le tandem Baowu–Rio Tinto verrouille Simandou
• Baowu : avec ses 130 millions de tonnes d’acier/an, le groupe a un besoin vital de sécuriser Simandou. Il est devenu le chef d’orchestre financier et technique du projet, avec un ancrage institutionnel renforcé par Pékin.
• Rio Tinto : longtemps contesté, parfois écarté, il revient au centre du jeu grâce à son alliance avec Chinalco et désormais avec Baowu. La confrontation historique Rio vs Winning s’est muée en convergence sino-anglaise.

Résultat : l’équilibre initial a disparu. Rio et Baowu sortent renforcés, pendant que les partenaires locaux – notamment UMS de Fadi Wazni – sont réduits à une vitrine nationale sans pouvoir réel.

Disparition de l’ancien contrat Winning .
L’accord initial, négocié sous Alpha Condé, portait sur une exploitation directe et exclusive par Winning. Aujourd’hui, il est vidé de son contenu :
• Baowu Resources West Africa (BRWA) est devenu le véritable centre de décision en Guinée, sous contrôle chinois.
• Les financements massifs ne sont plus structurés par Winning, mais par Rio et Baowu.
• L’ossature contractuelle WCS → Guinée a été remplacée par un axe Rio–Baowu–Chinalco → Guinée, reléguant les acteurs guinéens au rang de sous-traitants.

Conséquences stratégiques pour la Guinée
• Perte de souveraineté : l’État dépend encore davantage des grands groupes étrangers, incapables de lui céder une place réelle dans la gouvernance.
• Fausses promesses : emplois et recettes fiscales reposent désormais sur des engagements imposés par des multinationales qui fixent seules les règles du jeu.
• Cartel minéral : Rio et Baowu verrouillent l’approvisionnement mondial en minerai de fer, tandis que les petits acteurs deviennent décoratifs. La Guinée n’est plus qu’un terrain logistique d’exportation, et non une puissance sidérurgique en construction.

Le discours triomphaliste de Baowu – « 80 % d’avancement, premières exportations en 2025 » – dissimule une réalité brutale :
• L’ancien contrat Winning est effacé.
• Rio Tinto, que la Guinée avait combattu pendant deux décennies, revient en force grâce à Baowu.
• La Guinée, croyant diversifier ses partenaires, se retrouve piégée dans un schéma où Rio, Baowu et Chinalco dictent les règles.

Ce qui devait être une conquête de souveraineté économique est devenu une dépendance maquillée.
Simandou, arraché hier dans la douleur, est aujourd’hui confisqué dans le silence.

Par Siba Beavogui 

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