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Enquête exclusive Boffa : 7 centres de santé financés par l’ONU, zéro impact réel signé UMS !

Malgré 400 millions $ de revenus, à peine 200 000 $ par an pour les communautés.

Popopo ! Incroyable mais vrai ! Bienvenue dans l’un des plus grands tunnels fiscaux de Guinée : une machine où disparaissent cash et logistique pour ne laisser aux populations que des miettes. Derrière la façade humanitaire de la Fondation Wazni, la réalité est brutale : pendant que l’ONU construit et équipe les centres de santé, UMS se glorifie de dons symboliques, gonfle ses bilans et s’offre exonérations fiscales et champagne au M5.

Chez la Fondation nUMS : la philanthropie est un trompe-l’œil, un tunnel fiscal grandeur nature
avec sa règles du jeu : RSE en théorie.

Les textes internationaux ne laissent pas place au doute : une entreprise extractive doit consacrer 1 à 2 % de son chiffre d’affaires à des projets sociaux. Banque mondiale, IFC, ONU, OCDE… tous s’accordent sur cette règle. En Afrique du Sud comme au Ghana, ces seuils sont même devenus obligatoires.

UMS, le mastodonte de la logistique

En Guinée, United Mining Supply (UMS) s’est transformée en véritable colonne vertébrale de la filière bauxite. La société gère les corridors miniers entre Boké et Kamsar, verrouille des contrats stratégiques avec le SMB Winning Consortium, Chalco et consorts.
Chaque année, ce sont plus de 60 millions de tonnes de bauxite qui transitent sous son pavillon. Même en prenant une marge logistique basse, UMS engrange entre 150 et 400 millions de dollars par an.

Ce que dit la RSE… et ce qu’on voit

Avec de tels revenus, la Fondation Wazni devrait injecter 1,5 à 8 millions USD par an dans les communautés minières. Des écoles modernes, des centres de santé bien équipés, des projets agricoles structurants — voilà ce que prévoient les normes.

Mais le bilan réel est famélique :
• un centre de santé amélioré à Tamita (2015), coût officiel de 500 000 USD — en réalité cofinancé par Winning et Chalco ;
• quelques écoles rénovées (12 établissements) ;
• des kits sanitaires et scolaires distribués ici ou là pour les caméras.

Au total ? 1 à 2 millions USD sur dix ans, pas par an. Une moyenne de 200 000 USD annuels, là où le minimum attendu est huit à quarante fois plus.

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Comptabilité officielle vs réalité terrain

Sur le papier, la Fondation Wazni enregistre ses actions sous de nobles rubriques : “dépenses sociales”, “partenariats communautaires”, “soutien humanitaire”. Ces écritures réduisent l’assiette fiscale, allègent les impôts et enjolivent les rapports annuels.

Mais le terrain raconte une autre histoire :
• À Boffa, sur les 7 postes de santé et le centre urbain, les vrais financeurs s’appellent ONU, UNOPS, USAID, BAD, Union européenne.
• Les postes de Lisso et Missira sont décrits comme vétustes, sans matériel médical, avec un seul agent pour des milliers d’âmes.
• Le CSU de Boffa figure noir sur blanc dans un contrat onusien.

Bref, ce qui est présenté comme “investissement social” par UMS est invisible ou insignifiant une fois confronté à la réalité.

Le mécanisme de l’illusion

Trois tours de passe-passe entretiennent la supercherie :
1. Facturation symbolique : un projet mineur est gonflé en valeur.
2. Exonérations fiscales et douanières : les dons deviennent des charges, les importations passent sous le sceau de “l’humanitaire”.
3. Effet d’image : les bilans crient “12 centres de santé !”, mais les habitants n’en voient que deux, vétustes, ou financés par d’autres.

Boffa, la preuve comptable

Dans les comptes : “Contribution de la Fondation Wazni à la santé publique de Boffa”.
Sur le terrain :
• 7 postes de santé + 1 centre urbain → financés par l’ONU et les bailleurs internationaux.
• Contribution minière → marginale, quasi inexistante.

C’est l’exemple parfait d’un tunnel fiscal déguisé en fondation : vitrine humanitaire d’un empire logistique qui défiscalise ses profits et engrange du prestige, pendant que les communautés de Boké et Boffa attendent toujours une santé digne de ce nom.

Pour une société qui pèse des centaines de millions USD par an, les investissements sociaux devraient se chiffrer en millions chaque année. La Fondation Wazni n’a livré que des miettes. Résultat : à Boffa, ce sont les bailleurs internationaux qui financent la santé, pas UMS.
Pendant ce temps, à Conakry, dans les salons du M5, on sabre le champagne en racontant aux naïfs que la philanthropie a un visage : celui de la défiscalisation maquillée en vertu.

Par Siba Beavogui 

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