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Abdoul Manya à l’épreuve de la dictature — Dignité ou survie : quand la lucidité du peuple défie la plume du journalisme

Tic-tac ! Le téléphone crépite. Les voix s’enchaînent, portées par la même conclusion : en Guinée, l’homme d’affaires n’a plus le luxe de la neutralité. Sous la férule d’un régime de terreur, préserver ses intérêts devient un exercice d’équilibriste entre la survie de ses salariés et la compromission forcée avec les putschistes.

Le constat du peuple : survivre avant tout.

« Mon cher frère Farafina Le Visionnaire Béavogui, un homme d’affaires cherche à protéger ses intérêts. Par ricochet, il est obligé de travailler avec tous les régimes. Pour les politiques, c’est un autre débat… »

Cette réflexion, répétée par 80 % des citoyens joints, résonne comme une lucidité glaciale. Les entreprises, déjà fragilisées, se retrouvent contraintes de collaborer pour sauver leurs employés d’un chômage qui rime avec famine.

Même les journalistes en conviennent. Thierno Oumar Diawara, plume aguerrie de Radio Nostalgie et aujourd’hui patron de presse, parle d’un « terrorisme d’État » qui enferme tout un peuple dans la peur.

Gouverner par le chantage : le scandale absolu.

Sauver sa vie, protéger ses biens, voilà l’instinct de survie. Cela s’entend. Mais quand un État choisit de gouverner par la menace et le chantage, c’est toute la société qui bascule.

Là où un général est froidement exécuté, ce n’est pas une petite SONOCO, une SOGUIBEC, ou même un malheureux Fadi détrôné, qui pourra tenir tête.

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La peur est devenue un instrument de pouvoir. Un glaive suspendu au-dessus de chaque tête. Et dans ce théâtre macabre, les entreprises ne sont pas complices par choix, mais prisonnières d’une logique cruelle : collaborer pour protéger, céder pour survivre.

La frontière entre lucidité et compromission.

Aux entreprises contraintes de jouer le jeu pour préserver leurs salariés, le message est clair : nous comprenons. Un licenciement, c’est une famille entière en détresse.

Mais que les véritables prédateurs — ceux qui pillent nos ressources minières et engraissent la dictature — se tiennent prêts : l’histoire les jugera sans pitié.

Car il y a une ligne rouge. Entre protéger ses travailleurs et devenir complice des crimes économiques du régime, la différence est abyssale. Ceux qui franchissent ce pas ne sont plus des victimes, mais des financiers complices d’un pouvoir assassin.

La Guinée vit un temps où la lucidité se mêle à la peur, et où la plume du journalisme devient un bouclier contre la manipulation.

Abdoul Manya, comme tant d’autres, marche sur ce fil fragile entre prudence et vérité. Mais qu’on ne s’y trompe pas : la dictature peut acheter des silences, elle ne pourra jamais effacer la mémoire d’un peuple ni l’encre des chroniques qui la dénoncent.

Par Siba Beavogui 

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