Cent soixante-cinq ans d’histoire, de sacrifices ultimes, de luttes farouches d’un peuple digne et fier n’auront pas été vains. De Samory Touré, en passant par Zebgela, Alpha Yaya Diallo et Dina Salifou, jusqu’aux terres du Sud avec Kissi Kaba Keita, sans oublier la résistance silencieuse de Yacine Diallo et l’explosion révolutionnaire du camarade président Sékou Touré, la Guinée a hissé haut l’étendard de la liberté. Ce pays s’est forgé dans le sang et la sueur de ses enfants, qui ont offert leurs vies pour que notre terre se dresse avec honneur et rage face à toute domination.
Nul n’a le droit de nous détrôner de cet héritage de dignité et de liberté. Et pourtant, voilà qu’apparaît aujourd’hui, dans ce bureau orné de drapeaux et de symboles nationaux, un spectacle glaçant. Un homme en uniforme militaire, flanqué comme un chien de garde des trafiquants miniers, trône derrière son bureau. À ses côtés, deux hommes en costume posent avec un sourire convenu. Sur le mur, un portrait officiel et la carte de la Guinée. Sur le bureau, les visages austères de nos héros fixent la scène, témoins muets d’une mémoire qui refuse de s’éteindre.
En bas de l’image, la légende tranche comme un couperet : « L’esclavage et ses maîtres ». Là où certains pourraient voir une rencontre protocolaire, l’œil lucide y distingue une mise en scène de la soumission. Le militaire assis symbolise une souveraineté proclamée, mais ses partenaires debout incarnent la hiérarchie invisible : l’équilibre du pouvoir n’est qu’une façade.

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Le contraste est violent entre les symboles nationaux et la légende ironique. Tout suggère que la souveraineté affichée n’est qu’un masque, que derrière le drapeau flotte l’ombre de la dépendance. Comme dit un proverbe guinéen : « Quand tu vois ton voisin sourire trop largement, regarde derrière sa main ».
Cette photo, loin d’être anodine, se lit comme une caricature vivante de notre époque. Elle illustre le décalage entre l’héritage héroïque d’un peuple qui s’est sacrifié pour son honneur, et la réalité contemporaine d’un pouvoir militaire qui s’incline devant ses bailleurs.
Oui, la Guinée a donné ses martyrs pour se libérer des chaînes. Oui, elle a écrit son histoire dans le refus de l’humiliation. Mais aujourd’hui, l’homme en uniforme n’incarne plus cette mémoire : il en est la trahison.
Par le Chasseur de vérité