Direction générale des Impôts en alerte : l’ombre de Lauriane Doumbouya plane sur une affaire de 14 milliards GNF
Conakry, mai 2025 – Une affaire explosive secoue les couloirs du Ministère du Budget. Deux courriers officiels, un seul montant de 14 milliards GNF, et derrière cette opération suspecte, une même direction : la Direction Générale des Impôts (DGI).
À l’origine de ce micmac administratif, une demande d’avance de trésorerie floue, potentiellement destinée à couvrir des dépenses occultes. Mais au cœur du scandale, un nom revient avec insistance : Yann, époux de la directrice de la DGI et cousin de Lauriane Doumbouya, l’épouse du président putschiste.
Une avance de 14 milliards GNF… vers un compte privé . Selon nos sources, une partie des fonds aurait discrètement transité vers un compte bancaire personnel, sous prétexte de financer l’achat d’un groupe électrogène pour la DGI, dans le cadre de travaux de rénovation exécutés en gré à gré. Derrière cette opération, des soupçons d’évasion de fonds et de surfacturation, masqués par un vernis administratif.

Une caravane d’attributions douteuses, de nominations clientélistes, et un tableau de personnels fantômes auraient été mis au jour par une enquête interne. Des dizaines de travailleurs ont été brutalement remerciés la semaine dernière, pendant que d’autres, fictifs, continueraient de figurer sur la grille salariale.
Deux courriers, deux ministères, un même pot de vin . C’est du moins ce qui ressort des actes administratifs du 9 et du 10 mai 2025. Deux courriers distincts ont été envoyés respectivement au Ministre de l’Économie et des Finances et au Ministre du Budget. L’un est signé par Facinet Sylla, Directeur Général de la DGI ; l’autre par Foula Diallo, haute cadre de la même direction.
Ces deux lettres, quasi identiques, réclament 14 milliards de francs guinéens pour « assurer le bon fonctionnement » de la DGI. À la base de cette demande, l’argument d’une absence de budget de fonctionnement depuis le début de l’année. Une situation difficile à croire pour une institution qui pilote la collecte fiscale nationale.
Aucune trace du remboursement promis. C’est le constat amère que révèle la demande qui repose sur le principe d’une avance « remboursable » via une « règle d’avance spéciale ». Mais aucune trace de garantie, d’échéancier, ni d’accord du Conseil Budgétaire. L’opération s’apparente à une dépense extra-budgétaire déguisée, sans traçabilité.

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Où vont vraiment ces milliards ?
Aucun des deux courriers ne présente de ventilation budgétaire : aucun détail sur les rubriques concernées (salaires, fournitures, équipements). Aucune preuve des « réformes structurelles » avancées comme justification. Pas de bilan, pas de rapport d’impact, pas de résultats mesurables. Il s’agit donc d’une demande à l’aveugle, en violation flagrante des règles de bonne gouvernance.
Une chaîne de corruption sous protection présidentielle ? Dans tous les cas , plusieurs témoignages internes pointent vers Yann, l’époux de la directrice de la DGI, comme l’homme-clé de ce système opaque. Son lien de parenté direct avec Lauriane Doumbouya, Première Dame de Guinée, en fait un intouchable. Il serait, selon nos sources, le garant de cette chaîne de favoritisme, de gaspillage et d’impunité, à l’abri de toute reddition de comptes.

Ce que révèle l’enquête :
• Double soumission de la même demande à deux ministères, risquant un traitement doublon.
• Aucune pièce jointe ni plan budgétaire détaillé.
• Non-respect des règles budgétaires fondamentales : unité de caisse, engagement préalable, annualité.
• Risque de détournement déguisé en fonctionnement.
• Réformes fiscales avancées sans indicateurs, ni données concrètes.
Alors que le gouvernement de transition promettait rigueur, moralisation et justice fiscale, cette affaire pourrait devenir un catalyseur de méfiance citoyenne. Car si une institution stratégique comme la DGI peut réclamer 14 milliards sans justificatif, que reste-t-il de la transparence publique ?
Le Trésor public ne peut devenir le réservoir des réseaux familiaux du pouvoir. Cette affaire mérite une enquête parlementaire, un audit immédiat, et une suspension de toute libération de fonds tant que la lumière ne sera pas faite.
Une fuite contrôlée ou une révolte discrète de certains agents ? Ce scandale ne fait que commencer. Les regards se tournent désormais vers la Présidence, sommée de s’expliquer sur le rôle de ses proches dans cette affaire aux ramifications politiques et familiales inquiétantes.
Par Beavogui S