Guinée – Le monopole minier de SD Mining : de la bauxite aux navires fantômes, une mare de corruption au sommet de l’État !
Le navire fantôme du port de Boffa 29 millions pour couler la Guinée ?
Le soleil d’un autre jour se lève enfin sur la côte de Boffa. Mais avec lui, un corbeau s’est posé – noir de corruption, sourd à la loi, et avide d’impunité.
Après les révélations sur Bouna Sylla, l’agent double devenu astre de l’espionnage minier, voici venu le temps du grand déballage autour de SD Mining, son frère d’ombre. L’entreprise ne veut plus péter à la hauteur de ses fesses : la bauxite ne la rassasie plus. Il lui faut désormais la drogue, les navires fantômes, les zones grises de l’économie portuaire pour satisfaire son appétit glouton.
Au cœur de ce nouvel empire opaque se dresse un navire : le SC 611, alias HUA KAI 001, réquisitionné en grande pompe à Conakry, alors qu’il transportait bien plus que des promesses logistiques. Un contrat à 29 millions de dollars se cache derrière sa silhouette banale. Une trajectoire opaque, un usage détourné, et des liens troubles qui relient les barons miniers aux cercles du pouvoir transitoire.
Une machine bien huilée pour sucer la Guinée.
SD Mining, s’est accaparé le corridor stratégique de Boffa : du plateau minier de Konyakhouré jusqu’aux cales des géants Capesize chinois. Officiellement, un conflit interne noirci le tableau de l’opération tout n’est pas propre: mutualisation logistique, gouvernance restructurée, modèle sino-guinéen équitable. Mais derrière les mots, les chiffres ne trompent pas. Des centaines de millions de dollars d’export, et en contrepartie ? Une ardoise d’impôts impayés, des statistiques manipulées, une fiscalité contournée, et une Guinée saignée à blanc.
Le SC 611, navire de l’ombre battant pavillon tanzanien, est un bâtiment de pilotage portuaire de 60 mètres de long, affichant un tonnage brut (GT) de 1 837 tonnes. Il aurait effectué près de 200 navettes ou rotations sur les côtes guinéennes. Enregistré sous l’indicatif d’appel 5IM457 et le numéro MMSI 677035700, il a été construit en 2016
Son itinéraire et sa présence soulèvent de sérieuses interrogations, notamment en raison du manque d’informations sur la nature des cargaisons qu’il transporte en accostant sur les côtes guinéennes. Parti du port d’Elizabeth le 7 mai, le SC 611 a marqué des escales à Mossel Bay et Walvis Bay avant d’arriver à Boffa le 3 juillet. Depuis, il reste stationné sur place, avec un système AIS actif et opérationnel. Officiellement, il appuie la logistique de SD Mining. Mais en réalité, que transporte-t-il ? Aucun document douanier ne mentionne son entrée ni ne détaille sa cargaison. Un silence administratif qui alimente le soupçon.
Officiellement, il devait servir au guidage logistique du port. En réalité, il est devenu le transporteur discret des arrangements obscurs, un pion clé dans le système de captation des ressources, où le contrôle portuaire devient une arme stratégique pour échapper aux douanes, brouiller les traces, et favoriser les flux parallèles.
Monopole, putsch et pacte souterrain : les coulisses d’un scénario bien ficelé.
SD Mining n’opère pas en solitaire. Son essor repose sur un silence savamment orchestré, renforcé par des connexions solides avec les cercles putschistes. Le dirigeant de l’entreprise entretient des relations étroites et assumées avec les autorités de transition, ouvrant la voie à des pratiques douteuses – jusqu’à des dérives évoquées dans le trafic de stupéfiants, selon plusieurs sources internes. Quant aux 29 millions de dollars investis dans le SC 611, ils ne seraient qu’un écran de fumée : derrière cette façade, s’étendrait une vaste plantation de deals illicites, soigneusement dissimulés.

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Un deal logistique à plusieurs mains… et autant de tensions
Derrière le décor bien huilé du corridor minier, les tensions internes montent. Plusieurs acteurs du dispositif logistique ont désormais les yeux rouges, frustrés ou marginalisés par un système verrouillé au profit d’un clan dominant.
• SD Mining : maître absolu de l’extraction de bauxite, opérateur tentaculaire.
• AGB2A : prestataire technique, simple paravent opérationnel.
• Chalco : acheteur chinois, omniprésent mais jamais visible.
• COSCO & Rizhao Port : relais logistiques vers la Chine, rouages indispensables de l’export.
Tout est limpide : notre souveraineté est monnayée à la tonne. Le corridor minier fonctionne comme une autoroute à sens unique. Les minerais quittent le sol guinéen, pendant que la richesse stagne à Pékin, dans les cales des oligarques ou les comptes offshore de leurs alliés locaux. Les stratèges chinois, tels que Chen Zhou et Huang Chunfeng, orchestrent une intégration méthodique dans la Belt & Road Initiative, pendant que la Guinée s’enfonce dans une dépendance extractive chronique.
Ce que dissimule réellement le SC 611 dépasse de loin la coque d’un simple navire. Ce bateau n’est pas qu’un outil flottant — c’est un symbole. Le symbole d’une logistique minière confisquée par une poignée d’acteurs, privatisée, verrouillée, soustraite à tout regard républicain. À son bord, ce ne sont pas seulement des cargaisons anonymes qui transitent, mais les preuves silencieuses d’un système savamment orchestré pour contourner les contrôles, blanchir les flux, et faire prospérer une mafia d’État bien installée dans les ports. Chaque manœuvre du SC 611 raconte une histoire d’impunité, où les institutions se taisent, où les circuits officiels se dérobent, et où la souveraineté nationale se dissout, discrètement, dans la cale d’un navire fantôme.
La véritable question est là, suspendue comme une brume sur l’océan : qui tient réellement la barre du navire Guinée ?
Tant que des bâtiments comme le SC 611 pourront accoster sans rendre de comptes,
Tant que des contrats obscurs comme celui de SD Mining pourront s’imposer sans transparence ni appel d’offres,
Tant que des dirigeants d’entreprise pourront festoyer avec les putschistes pendant que le peuple endure la faim,
Alors la souveraineté guinéenne restera à quai, abandonnée dans les soutes d’un système corrompu.
Il est temps de reprendre le gouvernail, de briser les chaînes du monopole, de libérer les ports,
et surtout — de remettre à flot la vérité.
Par Siba Béavogui