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Dépravation de la presse guinéenne : Ibrahima Koné noie le poisson à Bruxelles

Bruxelles, Place du Luxembourg. Ce week-end, un étrange ballet politique s’est joué en plein cœur de la capitale européenne. Drapeaux brandis, slogans récités, et visages souriants pour les caméras.

En apparence, une manifestation de soutien « spontanée » aux idéaux du Général Mamadi Doumbouya. En réalité, une opération de communication soigneusement mise en scène, avec en première ligne… des journalistes.

Parmi eux, Ibrahima Koné, figure connue du paysage médiatique guinéen, désormais porte-voix assumé du pouvoir de transition. À ses côtés, un groupe baptisé Collectif des journalistes pour la réussite de la refondation. Le nom donne le ton : il ne s’agit plus d’informer, mais de servir. Plus d’interroger le pouvoir, mais de le célébrer.

Journalisme ou militantisme d’État ?

Depuis quand un journaliste devient-il acteur d’un meeting politique ? Depuis quand la presse épouse-t-elle la cause d’un régime militaire au point d’en devenir la vitrine à l’étranger ? Ces questions, essentielles, semblent avoir été noyées dans les eaux troubles de la propagande.

À Bruxelles, il ne s’agissait pas d’un reportage. Il s’agissait d’une opération de blanchiment politique, avec des micros en guise d’encensoirs, et des caméras devenues instruments de glorification.

La déontologie journalistique a été humiliée, et avec elle, l’image de toute une profession déjà fragilisée en Guinée. Un journaliste n’est pas un militant. Il n’est pas là pour applaudir, mais pour questionner. Pas là pour s’engager au service d’un clan, mais pour éclairer l’opinion publique, même au prix de l’impopularité.

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Quand le pouvoir instrumentalise la presse

Ce que Bruxelles a révélé, c’est la porosité croissante entre les cercles du pouvoir et certains segments de la presse guinéenne. Le discours du « soutien à la refondation » a remplacé celui de la vérité. Le journalisme devient une tribune de fidélité, une quête de faveurs, une course à l’invitation officielle.

Mais que restera-t-il demain de cette presse couchée ? Comment le peuple pourra-t-il faire confiance à ceux qui transforment l’information en publicité ?

Une alerte pour l’avenir

Ce qui s’est passé à Bruxelles n’est pas un détail : c’est un symptôme d’une dérive profonde. Une presse libre est le fondement de toute démocratie. Lorsqu’elle devient l’auxiliaire zélé d’un régime, surtout militaire, elle cesse d’être un contre-pouvoir et devient un outil de domination.

Aujourd’hui, il est temps de rappeler une évidence : la presse n’a pas vocation à réussir une refondation politique, elle a pour mission de la questionner.

Car si les journalistes se transforment en militants, qui racontera au peuple ce que le pouvoir veut lui cacher ?

Par Azozoye Bangoura 

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