Conakry, 22 mai 2025 – Sous la lumière vacillante du couloir du pouvoir, une mission confidentielle fut confiée à deux hauts cadres de la République du théâtre : Mory Condé, ministre de l’habitat et collectionneur de contradictions, et Morissanda Kouyaté, ministre des Affaires étrangères et chef d’orchestre du légendaire câlin de la transition.
Objectif : Se rendre à Labé pour rencontrer les Sages de Foutafottii fii Mamadi Doumbouya, porteurs d’une proposition aussi délicate qu’explosive : offrir une épouse du terroir au Général-Président. Une dot diplomatique, une union stratégique pour sceller l’ancrage local du pouvoir.
Labé, sous le grand manguier : La rencontre était solennelle. Mory, costume beige sable, et Morissanda, boubou brodé aux couleurs panafricaines, siégeaient face aux doyens.
Le doyen parla, la barbe frémissante :
« Nous avons vu l’œuvre du Général. Il mérite une femme du Fouta. Une digne fille. Une épouse pour la Nation. »
Morissanda hocha la tête, déjà prêt à étreindre le vieux en signe de gratitude.
Mory prit des notes. Morissanda souffla : « Un acte d’amour politique, mon frère. Un câlin républicain. »
Retour à Conakry – Palais Mohammed V, salon présidentiel : Mory et Morissanda patientent. Lauriane Doumbouya est déjà là. Assise. Détendue. Glaciale. Sourire qui coupe du verre.
Le Général entre. Pas un mot. Mory se lève. Bafouille : « Excellence… une délégation des sages… propose une épouse… locale… pour… renforcer la proximité… »

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Lauriane tourne lentement la tête.
Morissanda intervient, posant une main sur le torse du Général, prêt à une démonstration de tendresse :
« C’est un symbole d’union, mon frère. Comme à l’époque des alliances royales. Une offrande du peuple. »
Le Général garde le silence.
Lauriane se lève :
« Mory, vous êtes ministre de l’intérieur ou de l’intimité ? Et vous, Morissanda, combien de câlins faudra-t-il pour vous rappeler que le ridicule est mortel ? »
Un silence de cercueil s’installe.
« Vous voulez me remplacer par une dot institutionnelle ? Mory, sors. Morissanda, épargne-moi l’étreinte. »
Mory Condé quitta le palais, son attaché-case vide et son honneur troué. Morissanda, lui, fut aperçu en train de tendre les bras à un garde républicain pour un dernier câlin. Le message des sages ne sera jamais transmis.
Alpha Issagha Diallo