« Quand l’État reprend ses droits : la Guinée sous l’égide d’un patriote d’action » — Des balivernes signées Cheick Tidiane Traoré, ex-sociétaire du RPG et nouveau scribe du tombeur de son champion Alpha Condé. Drôle, non ?
L’original, le vrai, le sincère, c’est plutôt :
« Quand l’État simule la souveraineté : la Guinée sous la férule d’un illusionniste en treillis. »
On nous l’a encore servi, ce plat indigeste de slogans réchauffés : un État prétendument debout, un chef intrépide, un sursaut national qui sent la naphtaline. Mamadi Doumbouya — pardon, le patriote d’action — vient de retirer une centaine de permis miniers. Tambours militaires, trompettes de propagande, cocoricos patriotiques. L’acte serait, nous dit-on, lucide, symbolique, structurant. En vérité ? Une chorégraphie bien huilée pour détourner l’attention d’un régime qui s’enlise entre mensonge économique et désastre politique.
Car soyons clairs : depuis quand un pyromane mérite-t-il des louanges pour éteindre l’incendie qu’il a lui-même allumé ? Depuis quand un ex-mercenaire sans boussole, déguisé en chef d’État, devient-il gardien de souveraineté ? Si les permis ont dormi, c’est parce que l’État était en coma. Et ce coma, c’est lui, Doumbouya, qui l’a aggravé à coups de clientélisme minier, de favoritisme familial et de militarisation des institutions.
Oui, des permis ont été retirés. Mais à qui seront-ils redistribués ? Aux proches du régime ? Aux marionnettes économiques du clan ? Aux sociétés écran des parrains du pouvoir ? Voilà la vraie question. Mais chut, pas un mot. On préfère agiter les mots creux : restructuration, souveraineté, patriotisme économique. On restructure surtout les intérêts occultes. En coulisses, les deals continuent. En façade, la mise en scène se peaufine.

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Le peuple guinéen n’a pas besoin d’un père fouettard en treillis. Il a besoin d’un État juste. D’institutions solides. D’un cap clair. Ce que Doumbouya offre, c’est un théâtre d’ombres : une autorité de façade, une “fermeté” de circonstance, une politique du bruit pour couvrir le vide.
Pendant ce temps, les routes sont des pistes de désespoir, les écoles des hangars d’oubli, les hôpitaux des antichambres de la mort. Et les milliards s’évaporent, comme les promesses. Chaque discours sonne creux, chaque décision pue la diversion. Ce pays n’est pas gouverné. Il est manipulé.
Le Général ne redonne pas la parole à l’État. Il impose le mutisme à la nation. Il ne restaure pas l’espoir. Il recycle la peur. Son bras n’a pas tremblé ? Tant mieux. Il lui faudra ce même bras pour saluer, un jour, le départ de cette imposture à ciel ouvert qu’on appelle “Transition”.
Alors oui, que Dieu bénisse la Guinée.
Elle en aura besoin pour traverser cette ère où le vol devient vertu, l’imposture devient doctrine, et la propagande devient pilier de gouvernement.
Siba Beavogui, Journaliste. Témoin d’un pays en état de résistance.