L’ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou a récemment salué en grande pompe l’ambition guinéenne autour du projet Simandou, affirmant que “la Guinée rejoint le cercle des pays émergents”.
Ce discours flatteur, pourtant déconnecté des réalités, mérite d’être déconstruit. Car derrière les paroles diplomatiques se cache un silence complice sur les manipulations, les détournements et les mirages entretenus autour de Simandou.
1. Simandou 2040 : Un slogan plus qu’un projet
Ce que M. Zinsou appelle “ambition brillante” est en réalité un storytelling savamment orchestré par la junte guinéenne pour masquer l’échec de ses promesses économiques. Aucune transparence n’entoure les négociations avec les groupes étrangers (notamment chinois) sur Simandou. Les contrats ne sont pas publiés, les clauses d’investissement restent floues, et les populations locales ne voient aucun bénéfice concret depuis le lancement médiatique du projet.
2. Un Fonds souverain sans souveraineté
La création d’un “Fonds souverain de Guinée” est-elle vraiment une avancée ? Non, si elle sert à gérer des revenus virtuels, à camoufler des détournements ou à garantir des prêts opaques au profit d’une élite militaire. Sans mécanisme indépendant de gouvernance, ce fonds devient un instrument de propagande et non un levier de développement.
3. L’échec des infrastructures de base

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Zinsou parle de chemins de fer et de ports… mais sur le terrain, les infrastructures restent inachevées, mal entretenues ou fantômes. Le projet Simandou est à ce jour incapable de démontrer une logistique viable pour exporter du fer. Il n’existe aucune chaîne intégrée de transformation locale. Les usines promises sont inexistantes.
4. Une monnaie artificiellement stabilisée
La supposée “affermissement de la monnaie guinéenne” évoquée par Zinsou est en réalité liée à des politiques monétaires de contrôle autoritaire, à des restrictions de change, et non à une véritable confiance des marchés. La pauvreté augmente, le panier de la ménagère explose, et les transferts de devises vers Dubaï se multiplient.
5. Un modèle… d’enfumage
Non, Monsieur Zinsou. La Guinée ne rejoint pas le cercle des pays émergents. Elle rejoint plutôt le cercle fermé des régimes qui manipulent les indicateurs économiques pour séduire l’extérieur tout en opprimant l’intérieur. Aucune réforme structurelle, aucune industrialisation concrète, aucun dialogue social véritable ne soutient cette soi-disant transformation.
Conclusion : Le rôle d’un intellectuel africain n’est pas de bénir les apparences, mais d’exiger des comptes. M. Zinsou, en fermant les yeux sur la répression, les détournements, et les mensonges d’État qui gangrènent le projet Simandou, trahit l’esprit de rigueur économique qu’il a longtemps prôné.
La Guinée n’a pas besoin de louanges diplomatiques. Elle a besoin de justice, de vérité et d’un projet national partagé.
Par Siba Beavogui