Dans un café populaire noyé de regards inquiets et de voix survoltées, le débat gronde comme une tempête. Au cœur du feu : Dansa Kourouma et sa constitution controversée.
Le peuple accuse. Il parle de trahison. Il pointe un homme qui, hier encore, incarnait l’idéal, et qui aujourd’hui serait le complice d’un projet dangereux.
Le verdict populaire est sans appel : Dansa aurait trahi la République.
Le Chasseur de Vérité prend la parole.
L’exercice est douloureux. Difficile de tirer sur un frère d’armes.
C’était en 2007, à Freetown, lors d’un sommet panafricain des jeunes de l’Union africaine. Là, dans cette effervescence d’idées et de rêves progressistes, j’ai rencontré Dansa Kourouma pour la première fois.
À mes côtés, Koffi Ankou, l’ancien secrétaire général de L’ÉCLAIR, mon journal. C’est moi qui l’avais convaincu de venir en Guinée. Dansa, lui, était déjà une étoile montante. Un pur produit de la société civile panafricaine.
De Ouagadougou à Abidjan, d’Accra à Conakry, nous étions animés par l’excellence, unis par la quête d’un avenir digne pour notre continent.
Je me dois aujourd’hui de saluer la mémoire de notre frère François Falcon, mentor de notre génération, intellectuel lumineux, autour duquel nous avons tous grandi.
Alors comprenez mon émotion. Il n’est pas aisé de lever l’épée contre un tel frère.

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Mais l’heure est grave. Je ne peux me taire.
Dansa porte une responsabilité historique. Il est aujourd’hui entre deux chemins :
• celui du service de la République,
• et celui de la trahison par soumission à un pouvoir illégitime.
Son projet de constitution est perçu comme un catalyseur de guerre, un poison lent pour l’unité nationale. Elle vise à offrir un vernis légal à un criminel, auteur présumé d’exécutions de soldats, de kidnappings, d’assassinats ciblés, et du pillage organisé de notre économie.
Ce texte ne peut être adopté.
Dansa, mon frère, nous avons été élevés dans la vérité, façonnés dans l’exigence. Souviens-toi de Ouaga 2007. Moi, célébré comme le poète du sommet. Toi, reconnu dans les ateliers structurels.
Pourquoi trahis-tu cette mémoire ? Pourquoi briser cette trajectoire qui t’a inscrit dans les pages lumineuses de notre histoire contemporaine ?
Comment as-tu pu te laisser manipuler par un analphabète endurci, sans vision, sans respect pour les fondements d’un État ?
Tu as encore le choix. Tu peux encore renoncer à cette folie. La Guinée ne mérite pas le feu. Elle mérite des bâtisseurs, pas des fossoyeurs. Reviens à l’idéal. Reviens à la vérité.
Par Siba Beavogui