C’est une drôle de scène, aussi absurde qu’insoutenable, que celle qui se joue ces derniers jours sur les réseaux sociaux guinéens. On y voit des visages rayonnants, des messages d’hommage, des applaudissements numériques adressés à un homme… qu’ils ont eux-mêmes abandonné.
Oui, certains célèbrent bruyamment l’anniversaire de Kassory Fofana, pendant qu’il reste privé de liberté, séquestré par un régime qu’ils côtoient, qu’ils servent, parfois même qu’ils flattent.
C’est le comble de l’hypocrisie. Une contradiction incarnée dans une seule image : applaudir le CNRD d’une main, et saluer Kassory de l’autre. Dîner avec ses bourreaux le soir, puis déjeuner avec lui à l’aube du souvenir. Jusqu’à quand va-t-on prétendre qu’on peut être de tous les camps à la fois ?

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Il faut avoir le courage de ses choix. On ne peut pas applaudir ceux qui piétinent la dignité d’un homme et, dans le même souffle, prétendre lui rendre hommage. L’honneur n’est pas compatible avec la duplicité. Le respect ne se conjugue pas avec le reniement.
Si vous avez choisi le camp du pouvoir, assumez-le. Mais n’enrobez pas votre complicité d’un vernis affectif en prétendant célébrer un homme que ce même pouvoir a humilié. Kassory n’a pas besoin de vœux de façade. Il a besoin de justice. Et surtout, il mérite qu’on ne l’utilise pas comme faire-valoir émotionnel pour masquer ses propres lâchetés.
En politique comme en morale, il arrive un moment où il faut choisir. Ceux qui veulent jouer sur tous les tableaux finiront par n’avoir de place sur aucun.
Siba Beavogui
Journaliste – Analyste politique