Renvoyés la semaine dernière pour présentation de pièces de justification, plaidoiries et réquisitions, les débats dans le dossier opposant l’Administrateur général du site Inquisiteur à l’ancien Ministre de la justice Alphonse Charles Wright, se sont poursuivis ce jeudi, 27 juin 2024 par devant le tribunal de première instance de Mafanco.
Après le fond des débats relatif aux questions de précisions posées sur le contenu de son article parlant de violation dans la passation de marché de rénovation de la maison centrale, a débuté la phase des plaidoiries et réquisitions.
La partie civile par l’entremise de Me Sâa Dissi Millimouno, a sollicité du président du tribunal, conformément à l’article 98 de la loi de la presse, que le prévenu soit condamné pour préjudice et pour manque de preuves matérielles, ce après l’expiration du délai de 10 jours, mais aussi au paiement d’un franc symbolique.
Quant au procureur Ibrahima Kanfory Camara, il a requis après ses réquisitions, le paiement par le journaliste, d’une amende de 3 millions de nos francs guinéens, mais aussi, demandé d’ordonner la destruction de l’article publié contre l’ancien garde des sceaux, avant que le président du tribunal Souleymane I Traoré, ne mette l’affaire en délibéré pour décision s’être rendue le 08 juillet 2024.
Quant au procureur Ibrahima Kanfory Camara, il a requis après ses réquisitions, le paiement par le journaliste, d’une amende de 3 millions de nos francs guinéens, mais aussi, demandé d’ordonner la destruction de l’article publié contre l’ancien garde des sceaux, avant que le président du tribunal Souleymane I Traoré, ne mette l’affaire en délibéré pour décision s’être rendue le 08 juillet 2024.
Premier à prendre la parole au nom de la partie civile pour ses plaidoiries, Me Sâa Dissi Millimouno a reproché à Mamoudou Babila Keita « sa façon de faire n’est pas du journalisme ». Il a ensuite ordonné la publication de cette décision dans trois (3) journaux de la place et aux frais du prévenu.
«Il s’est attaqué à notre client sur les réseaux sociaux. Monsieur le président, comprenez combien de fois il en veut à la partie civile. Sinon pourquoi ne pas avoir les informations au complet avant la publication de son article? Lorsque que vous lisez cet article, qu’est-ce qui prouve qu’il y a un élément de preuves (…)? Ce qui a été produit aujourd’hui, écartez ces éléments et considérez que c’est hors délai. En les écartant, considérez que le prévenu n’a produit aucun élément de preuve. Ensuite, constatez monsieur le président, que les propos qui ont été tenus déshonorent Monsieur le Ministre. (…). Comprenez également que l’élément moral venant appuyer l’élément matériel, vous avez tout le pouvoir pour rentrer en condamnation, parce que nous concluons qu’il y a eu infraction. Et par rapport à l’action civile, nous vous prions de déclarer Monsieur Alphonse Charles Wright de recevable dans ses prétentions partie civile. Il a subi un préjudice énorme, non seulement en Guinée, mais en face du monde. Tout ce qu’il cherche, c’est qu’il soit rétabli par votre décision de justice, parce aucune somme d’argent ne peut le rétablir au vu de l’infraction » , a sollicité l’un des avocats de l’ex-Ministre Alphonse Charles Wright.
Revenant sur les questions de fond, le ministère public représenté par le procureur Ibrahima Kanfory Camara, a interrogé le journaliste sur les fondements quant au contenu de son article et la question de diffamation imputée au Ministre Chales Wright.
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«Les faits reprochés à Monsieur Babila ont touché le Ministre Alphonse Charles Wright. Il s’est livré à une véritable dénonciation sans preuve. C’est ce matin qu’on a vu le journaliste en train de se décarcasser pour apporter les preuves. On peut bien dénoncer mais sur la base des preuves. J’aime bien le métier du journalisme, mais on ne peut pas faire ou affirmer des choses que la loi ne vous permet et qui sont contre les citoyens, parce les gens passent par vous pour le faire».
Monsieur Alphonse Charles Wright a été touché dans son honneur, dans sa dignité. Monsieur le président, le journaliste Mamoudou Babila Keita devant vous, ne vous a apporté aucune preuve si ce n’est pour vous parler du Code des marchés publics. Ce qui voudrait dire que ces faits reprochés sont diffamatoires, parce qu’ils ne reposent sur aucun fondement. La dignité n’a pas de prix. C’est pourquoi la décision que vous devez prendre doit être une leçon pour les confrères journalistes ici présents. La loi est pour tout le monde, chacun doit avoir des limites (…). Monsieur le président, vous comprendrez que les faits de diffamations attribués à Monsieur le journaliste. Retenir Bibila dans les liens de culpabilité conformément aux dispositions des articles 98, 141, 142 de loi de la presse, au paiement d’une amande 3 millions de nos francs guinéens, à la destruction de l’article publié titré ”parfum de corruption dans la procédure de la passation de marché au département de la justice ». Je sais que vous allez le faire Monsieur le président », a invité le procureur Ibrahima Kanfory Camara.
Outré par ses confrères de la partie civile, Me Sidiki Bérété a plaidé pour que le droit soit dit au bénéfice des Guinéens, soutenant que des faits de corruption dénoncés par le journaliste sont tout à fait fondés.
« C’est un marché fictif, accordé aux sociétés fictives. Dites le droit Monsieur le président. J’ai entendu tout dans ce procès sauf le droit. On nous parle également de la HAC, mais qui n’est pas crédible aux yeux du public. Monsieur le président, je n’irai pas loin parlant de cette HAC. Lisez la sortie d’un grand avocat et ancien bâtonnier Me Mohamed Traoré qui dit ceci : « il est temps que la HAC se mette dans la peau d’une véritable autorité administrative indépendante…’’, fin de citation. Monsieur le président, je dois répéter qu’il y a eu corruption en attribuant ces marchés à des sociétés fictives et signées d’un Ministre qui faisait croire du vrai à tout le monde et qui a prouvé le contraire (…). Mon client a dénoncé un fait réel, celui d’attribuer les marchés non reconnus par l’APIP. Ayez pitié de la Guinée, votre honneur. Cette affaire de corruption, pour des sociétés qui n’ont pas vocation de construction…vous voulez accepter que la Guinée perde plus de 60 milliards de nos francs? Vous voulez faire taire les dénonciateurs? Poursuivez, c’est ce que le droit dit. Retenez que c’est votre conscience, mais nous nous allons continuer à dénoncer. Et c’est après vous nous dites que c’est une diffamation ? Alors vous aussi prouvez que ces sociétés sont en règle et sont enregistrées (…). Il y a eu fraude et vous ne voulez pas qu’on dise cela alors que la loi le demande. Babila mon client est dans la vérité de Dieu, il a dénoncé un fait réel et ça c’est de la corruption. Dites le droit et relâchez m-le conformément à l’article 544 du Code de procédure pénale. Pour finir, je sais que vous allez dire le droit », a plaidé Me Sidiki Bérété, conseil du journaliste Mamadou Babila Keita.
Prenant la parole, le président du tribunal a rappelé le prévenu à la barre, pour son avis après avoir écouté les différentes parties au projet.
«Comme je l’ai dit l’autre fois, nous allons mourir mais il y aura le dernier jugement. Ma conscience ne me permet jamais pour quelle que raison que ce soit, de mentir sur qui que ce soit (…). Monsieur le président, nous faisons confiance à votre tribunal et nous pensons que votre tribunal saura dire le droit », a sollicité le prévenu Mamoudou Babila Keita, avant que l’affaire ne soit mise en délibéré pour décision s’être rendue le lundi, 08 juillet 2024.
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