Plusieurs citoyens ont été arrêtés à Lainé suite aux violences survenues entre éleveurs et agriculteurs du 11 au 13 janvier 2024 dans la même localité. Au nombre de 71 dont des enfants et des femmes, ces personnes sont incarcérées depuis 5 mois.
Alors que la date d’ouverture de leur procès n’est toujours pas annoncée, leurs avocats dénoncent des cas de « déportations » de certains d’entre eux vers les prisons centrales de Kindia et de Conakry. Une première demande de mise en liberté provisoire introduite par la défense est jusque-là sans suite.
« Lorsque j’étais à Nzérékoré au mois de mars, le dossier était encore au cabinet d’instruction. Néanmoins, nous avons introduit une lettre de demande de mise en liberté, qui a été rejetée. Comme la loi l’indique, nous comptons la renouveler. Je dois repartir à Nzérékoré pour pouvoir introduire une deuxième demande de mise en liberté, si elle n’est pas acceptée, on va toujours user de tous les moyens de droit pour défendre nos clients », confie Maître Sonomou Michel, membre du collectif des avocats de la défense.
Cet avocat dénonce la lenteur du dossier et la déportation de certains détenus hors de la juridiction compétente à les juger. Il dénonce également la détention des élèves qui ont perdu une année sans être situés sur leur sort.
‘’Vous savez au total il y a 71 détenus répartis entre Nzérékoré, Kindia et Conakry. Nous-même nous étions surpris, par l’arrestation des gens de Lainé et leur déportation à Kindia et Conakry alors que territorialement, c’est Lola qui est compétente. Mais comme on a qualifié les faits de criminel, donc en principe c’est Nzérékoré qui est compétent. Très malheureusement les gens se sont retrouvés en dehors du tribunal compétent. Encore ce qui retarde le dossier, c’est du fait que tous les détenus ne sont pas à Nzérékoré. Parce que le juge d’instruction pour entendre toutes les personnes, il est obligé de se déplacer pour venir à Kindia et à Conakry. Donc, c’est la raison principale du retard et de la lenteur de cette procédure. A ma connaissance, des actes criminels se passent un peu partout en Guinée, mais on n’a jamais pris des gens pour les déporter en forêt. Cette particularité, nous-mêmes nous ne la comprenons pas.
Même le juge chargé du dossier, je crois qu’il est dépassé parce que tous ceux qui sont détenus ne sont pas forcément des coupables. Il y en a qui m’ont dit qu’ils n’étaient même pas au village au moment des faits. Et quand ils sont revenus des champs, il y en a qui ont été arrêtés dans leur sommeil, ils ont cassé les portes, il y a des élèves même parmi eux qui vont perdre l’année, puisque nous entamons pratiquement le dernier mois scolaire qui est le mois de juin. A Nzérékoré, il y a 11 personnes. Ceux qui sont à Conakry sont plus nombreux que ceux qui sont à Kindia. C’est une situation déplorable. Si la justice devait être la boussole qui devait orienter tout citoyen, moi en tant qu’avocat, le traitement qu’on a imposé à nos clients, c’est tout à fait le contraire des règles procédurales qui sont pourtant claires. Le tribunal compétent c’est Nzérékoré. Très malheureusement, nos clients se retrouvent en dehors de Nzérékoré et la procédure n’évolue pas. On demande la liberté, on nous refuse cela’’, déplore Maître Sonomou.
Interpellé sur ce sujet, le procureur de la République près le tribunal de première instance de N’zérékoré n’a pas voulu faire de commentaire. Il a cependant soutenu que la procédure est en cours. D’ailleurs, M. Abdoulaye Komah nous a orienté vers le cabinet d’instruction chargé de cette affaire. De ce côté, c’est le même son de cloche. L’on nous dit qu’ils ne sont pas habilités à communiquer sur un dossier qui est en instruction.
Pour rappel, les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont récurrents à Lola. Ces dernières violences survenues avaient causé d’importants dégâts matériels.
A suivre !
Africaguinee.com