Dans la nuit du dimanche 12 mai 2024, des habitants du quartier Bantouka 1 situé dans la commune de Lambanyi ont ressenti un tremblement de terre.
D’après des citoyens que nous avons interrogés, les secousses n’ont duré que 2 à 3 secondes. Qu’est-ce qui pourrait être à l’origine de ce tremblement de terre ? Conakry est-elle assise sur une zone sismique ? Ce lundi 13 mai 2024, un confrère d’Africaguinee.com s’est rendu au CERESCOR (Centre de Recherche Scientifique de Conakry-Rogbanè) pour en savoir davantage. Ce centre mène plusieurs études notamment sur les formations géologiques off-shore et on shore ainsi que des produits hydrologiques. Dans cet entretien, M. Pierre Koivogui, secrétaire scientifique au CERESCOR, évoque deux hypothèses.
AFRICAGUINEE.COM : Les citoyens de Cosa Bantounka 1 ont ressenti un tremblement de terre dans la nuit du dimanche 12 mai 2024. Comment vous expliquez cette situation en tant que scientifique ?
PIERRE KOIVOGUI : C’est à partir de votre site que je me suis informé de cette situation. Mais nous ne sommes pas à la première fois. Depuis le tremblement de terre de Koumbia en décembre1983, la Guinée est toujours confrontée à des secousses. Parce qu’il y a les failles de Sinta qui quittent le Foutah, qui viennent se loger dans la mer en passant la (forêt) Kakimbo (Kipé). Donc, ce qui fait que généralement nous sentons des secousses de temps en temps. Il y a eu de multiples secousses. Même chez nous ici au CERESCOR, un jour à 15h00, nous avons constaté ces faits-là. Mais ce qui a été un soi-disant tremblement dans les années passées qui a touché le centre de santé de Ratoma, le stade général Lansana Conté à Kiroti, ce n’était pas en réalité un tremblement de terre.
Il y a eu assez de forages creusés à ces niveaux-là. E à force de pomper cette eau venant des forages, il y a eu un vide. A cause de ce vide-là, il y a eu un affaissement des sols. Quand vous partiez à l’époque, à Kiroti, jusque dans l’enceinte du stade général Lansana conté il y avait des fissures sur les murs des maisons qui se trouvaient au marché là-bas. Même sur le goudron, il y avait des fissures. Donc, à la longue même, on a constaté des clôtures et des maisons qui tombaient. Certains habitants avaient demandé de quitter leurs appartements parce qu’il y avait les fissures. Ça, c’est dû au fait qu’il y a assez de forages dans la zone.
Voulez-vous dire que c’est les forages qui provoquent ce tremblement de la terre ?
En général, quand il y a assez de forages dans une zone, il y a affaissement du sol. Maintenant en ce qui concerne les tremblements de terre, c’est dû au fait qu’il y a les failles de Sinta qui viennent jusque dans Kakimbo. Donc, quand il y a secousse au niveau de ces failles-là, les plaques tectoniques sont en déplacement et partout il y a chevauchement entre 2 plaques tectoniques il y a forcément un tremblement de terre. Si vous avez constaté même vers l’Asie, vers le Japon et autres là, il y a toujours des tremblements de terre là-bas. Ça, c’est dû aux plaques tectoniques qui se déplacent. Même en mer nous rencontrons ça.
Est-ce que la zone de Bamtounka 1 se trouve dans cette situation ?
Bon, en parlant de cette faille de Sinta, la zone de Bantounka est dedans. Parce que la zone de Ratoma est une zone de faille. Donc, cette faille de Sinta se plonge dans Kakimbo et se jette en mer en allant vers l’université « La Source ».
Est-ce qu’il y a un risque de tremblement de terre dans ces zones que vous venez de cité ?
Il faudrait qu’on fasse recours au ministère des Mines et de la Géologie pour qu’ils viennent situer cette situation et mettre des précautions. C’est-à-dire des mesures préventives en place pour ne pas qu’un jour on soit surpris. Parce que les secousses peuvent revenir avec force après chaque 10 ans, 15 ans. Les premières études effectuées, des cadres du ministère des mines et de la géologie étaient sur le terrain avec nous pour le cas de Koroti et autres. Même les tremblements de terre survenu à Koumbia qui avait eu lieu en 83, c’était la même chose.
Et actuellement nous, nous avons des appareils sismologiques au CERESCOR qui peuvent déterminer (la cause). Mais aujourd’hui avec la rénovation du lieu, la plupart de nos appareils se trouvent être emmagasinés dans le sous-sol du CERESCOR ce qui fait que ces appareils là on ne peut pas les utiliser en ce moment-là, mais si la rénovation était faite on pourrait se déplacer avec nos appareils, consulter aussi à partir de notre centre sismologique. Et on aurait pu donner vraiment d’amples informations avec le ministère des mines et géologie.
Qu’est-ce que vous demandez aux citoyens et surtout ceux de Bamtounka 1 qui ont eu peur hier suite à ce petit tremblement de terre ?
Je demanderai à ces citoyens de prendre assez de précautions, mais de ne pas tellement avoir peur. Parce que ce qui faisait peur, c’est si sur l’échelle de Richter on trouve que nous sommes à une magnitude de 5 ou à 7. Ça, ça fait tomber assez de bâtiments. Mais la zone de Conakry, nous sommes vraiment en sécurité étant donné que la capitale est posée sur la bauxite. Et c’est des rochers très durs. Tout Conakry est assis sur la bauxite. Et c’est le temps pour le ministère des Mines et la Géologies d’aller sensibiliser cette population pour lui demander de garder sang-froid. Et que le pire ne peut pas arriver en ce moment-là.
Entretien réalisé par un confrère d’Africaguinee.com
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